Ce qui s’est vraiment passé à Sainte-Soline malgré les mensonges de la préfecture et du ministre de l’Intérieur
Communiqué de presse
Le lendemain de cette journée de mobilisation historique contre les méga-bassines, la Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre et Bassines Non Merci tiennent à rappeler les faits. Alors que des intox sont affirmées au plus haut niveau de l’Etat, nous avons vu et pouvons prouver :
# Une mobilisation historique de 30 000 personnes
Première intox de la préfecture, il y aurait eu 6000 manifestant-e-s et « 1000 individus radicaux violents » isolés du cortège.
Tous les journalistes, élu.e.s, observateurs présents sur place peuvent en témoigner, la mobilisation était largement plus importante. Nous comptions déjà 10 000 personnes sur le campement tôt samedi matin (avec des considérations logistiques de repas et approvisionnement qui peuvent en témoigner), et des milliers de personnes sont arrivées tout au long de la matinée.
Les 3 cortèges qui se sont formés au départ de la manifestation regroupaient plus de 25000 personnes. De nombreux autres manifestant.e.s, notamment les personnes qui venaient des sept convois en provenance des grandes villes (chacun composés de plusieurs centaines de véhicules) ont été entravées par la police et ont rejoint la manifestation après que les cortèges se soient élancés.
Nous arrivons donc facilement au chiffre de 30 0000 manifestant-e-s mobilisés pour la défense de l’eau. C’est 4 fois plus que la dernière mobilisation à Sainte-Soline. A chaque fois que la préfecture interdit, mais surtout à chaque fois que nous trouvons les gestes de désobéissance adéquat pour impacter les projets de bassines, les manifestations grossissent.
Les dizaines de milliers de personnes rassemblées hier sont venues de toute la France et d’Europe.
Elles ont cheminé pendant 6km jusqu’au chantier pour l’entourer et l’arrêter. Le tout dans une ambiance festive, déterminée et en se tenant ensemble – loin du cliché vendu par Gerald Darmanin de 1000 individus isolés cherchant la violence. Il n’y pas d' »éléments radicaux » mais un peuple de l’eau qui se soulève.
Dossier photo :
https://driveterrecom.girofle.cloud/s/yG8YdGERT9qjSSg
# Le désarmement collectif d’une pompe du chantier et des actions paysannes de plantage de haies et de montage d’une serre.
L’information a été noyée par le discours gouvernemental de diabolisation des opposant.es, mais une partie du cortège a brièvement pu pénètrer dans l’enceinte du chantier. Puis, à l’exterieur, c’est notamment une pompe centrale du dispositif venant d’être installée les mois précédents ainsi que plusieurs canalisations qui ont été démontées et mises hors d’état de nuire.
En parallèle, plus de 300 mètres de haies ont été plantées durant le cortège par les paysannes et paysans de la Confédération paysanne, car elles sont un moyen majeur pour retenir l’eau dans les sols. Une serre a également été montée sur une parcelle de Sainte-Soline pour montrer qu’il fautplafonner et prioriser l’eau. En effet, l‘installation au maraîchage en Deux-Sèvres reste très difficile par manque d’accès à l’eau, accaparée par les promoteurs des bassines.
# Une répression brutale et de nombreux.ses manifestant.e.s blessé.e.s
Tout ce qui suit peut être prouvé par les historiques d’appels, messages et témoignages concordants de dizaines de personnes dont des élu.es et paysan.ne.s. Les Observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme ont également publié un fil et bientôt un communiqué l’attestant et confirmant l’entrave par les forces de l’ordre :
https://twitter.com/ObsParisien/status/1639983076032798720? t=9RNiifVaEW654H2taRsDtw&s=19
Déni de démocratie, passage en force du gouvernement autant sur les retraites que sur les bassines, il ne reste que la brutalité policière et la violence politique du 49-3 au gouvernement. Sur les bassines, malgré des propositions de dialogue répétées depuis septembre 2021, le gouvernement n’a comme réponse que l’usage décomplexé d’armes de guerre contre ses opposants comme il l’a à nouveau prouvé hier.
Contrairement à ce qui a été annoncé par le ministre de l’Intérieur et la préfecture, ce ne sont pas 7 blessé.es, mais plus de 200 que nous recensons. Parmi eux, nous comptons au moins 40 blessé.es graves, une personne risque de perdre son oeil, beaucoup de plaies délabrantes aux jambes et au visage (machoires arrachées) provoquées par des grenades GM2L et des LBD. Une dizaine de personnes ont été transférées au CHU, une vingtaine de personnes avec leur pronostic fonctionnel engagé ou mutilées. 3 personnes ont même eu leur pronostic vital engagé. Nous sommes inquiets pour ces blessés, la priorité est et doit être à leur prise en charge.
Quelques images :
https://driveterrecom.girofle.cloud/s/in3wJAfo24PBHCR
SUR LE CAS SPÉCIFIQUE DE LA PERSONNE EN URGENCE ABSOLUE TRANSFÉRÉE AU CHU DE POITIERS ET L’ENTRAVE A L’ARRIVEE DES SECOURS PAR LES FORCES DE L’ORDRE
Une des personnes les plus gravement blessée aurait reçu une grenade GM2L au niveau de la tête.
Entre le moment où elle a été blessée (13h30) et le moment où l’ambulance est arrivée (15h10), il s’est écoulé 1h40. L’hélicoptère du SAMU a décollé à 17h10, soit 3h40 plus tard. Le SAMU n’a pas pu intervenir plus tôt car il a été entravé par la police. Il est actuellement dans le coma après une intervention cette nuit, son pronostic vital reste engagé. Nous considérons que le gouvernement est doublement fautif de son état critique actuel et de ce qui pourrait encore survenir de pire.
Voici le détail des informations que nous avons pu recouper à ce propos auprès d’observateurs de la ldh, d’élus et de médecins de l’équipe médic de la mobilisation présents sur place : La personne a été blessée aux alentours de 13h30 aux abords de la bassine.
Il y a eu au minimum 7 appels du SAMU et 3 appels aux 112, entre 13h35 et 14h50 demandant une intervention pour une urgence absolue. A deux reprises au minimum, l’opérateur SAMU répond qu’il a eu l’ordre du commandement de la gendarmerie de ne pas intervenir.
À 14h00, les manifestants décident collectivement de se replier pour prendre en charge les blessés. Les affrontements cessent à ce moment là et la zone redevient calme.
A 14h50 une médecin urgentiste présente dans la manifestation demande un hélicoptère pour cette urgence absolue.
Une ambulance du SMUR finit par arriver à 15h10, et l’état du blessé ne permettant pas son déplacement, il ne part qu’à 16h10 après avoir été intubé et ventilé.
Il s’est déroulé plus d’une 1h30 entre le premier appel au SAMU faisant état d’une urgence absolue et l’arrivée de l’ambulance.
Ensuite, bien qu’au courant de l’urgence absolue du blessé et qu’il n’y ait pas d’autres blessés graves parmi les manifestants, le SAMU décide de garder l’ambulance sur place et déplacer le blessé au poste médical avancé de la Pommeraie au lieu de l’emmener directement au CHU de Poitier (il y aurait eu 40-45min de route pour aller à Poitiers).
Un avocat présent au poste médical de la Pommeraie avancé a vu l’hélicoptère du SAMU décoller à 17h10 vers Poitiers.
Il s’est donc passé au minimum 3h40 entre le premier appel SAMU et son arrivée au CHU de Poitiers.
# La lutte internationale pour le partage de l’eau se poursuit
Nous réitérons notre demande d’arrêt immédiat des travaux et l’ouverture d’un dialogue sur la préservation et le partage de l’eau pour la fin prochaine des projets de méga-bassines. Malgré la brutalité inouïe du gouvernement, le mouvement sort encore renforcés par ce niveau de mobilisation inédit. Et nous le disons : si le gouvernement s’obstine, nous reviendrons et continuerons à trouver les moyens que les chantiers s’arrêtent par des gestes de désobéissance toujours plus massifs. No bassaran !
Nous serons disponibles ces prochains jours à Paris ou bien dans les Deux-Sèvres pour des plateaux et témoigner de la mobilisation :
Contacts presse :
Bassines Non Merci : Adeline : 06 77 16 43 81
Confédération paysanne : Nicolas Girod, porte-parole : 06 07 55 29 09
Caroline Nugues, chargée de communication : 06 95 29 80 78
Soulèvements de la Terre : Benoit Feuillu : 07 69 33 77 93
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Mégabassines : comment le gouvernement a préparé l’opinion à un mort
https://reporterre.net/Megabassines-comment-le-gouvernement-a-prepare-l-opinion-a-un-mort
Blessés à Sainte-Soline : les secours ont-ils été freinés par les forces de police ?
G. darmanin veut dissoudre les Soulèvements de la Terre
https://reporterre.net/Gerald-Darmanin-annonce-la-dissolution-des-Soulevements-de-la-Terre
Dissolution des Soulèvements de la Terre : tout n’est pas encore fini
https://reporterre.net/Dissolution-des-Soulevements-de-la-Terre-tout-n-est-pas-encore-fini
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Mégabassines : « La débauche de moyens dépêchés par l’Etat contre les opposants contraste avec la tranquillité dont jouissent les tenants de l’agro-industrie »
Des réserves d’eau de substitution jugées illégales par la justice continuent d’être exploitées sans que l’Etat, prompt à interdire les rassemblements des militants écologistes au nom du respect du droit, n’y trouve rien à redire, relève Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
La guerre de l’eau que se livrent, en France, les grands irrigants, d’une part, et les défenseurs de l’environnement et de l’agriculture paysanne, de l’autre, est intéressante à plus d’un titre. Pas pour les images des confrontations parfois violentes, entre militants et forces de l’ordre, qu’elle occasionne de temps à autre, comme en cette fin mars autour des mégabassines de Sainte-Soline et de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) : elle est intéressante car elle jette une lumière crue sur les partis pris de l’Etat et sur l’asymétrie radicale de son action dans les situations de conflits sur l’usage de la nature et des biens communs en général. Le productivisme y semble l’emporter sur toute autre considération, qu’elle relève de la science ou même du droit.
On le sait, le principe de ces « retenues de substitution » est de stocker en surface de l’eau pompée dans les nappes phréatiques en hiver, pour la rendre disponible au printemps et en été à quelques grands exploitants. Or, on le constate aujourd’hui, la recharge hivernale des nappes n’est pas garantie. Et elle le sera de moins en moins dans un monde où le climat est toujours plus chaud, les précipitations plus irrégulières et les sols plus imperméables. Le remplissage des bassines est donc susceptible d’avoir un impact fort sur l’hydrographie locale, les écosystèmes terrestres et côtiers, l’humidité des sols, etc.
De nombreux chercheurs ont expliqué, en divers lieux et à plusieurs reprises, que ces mégabassines sont le paradigme d’une « maladaptation » au changement climatique. Au lieu d’aider les territoires et les exploitations à évoluer, elles les enferment dans l’idée dangereuse qu’il va encore être possible de maintenir des systèmes agricoles dont nul n’ignore plus qu’ils sont condamnés à brève échéance. Ces avis, répétés et jouissant d’un large consensus savant, n’ont pas changé d’un iota la position des pouvoirs publics sur le sujet.
Plus inquiétant, la justice semble n’avoir pas plus de prise sur le cours des choses. Par exemple, le barrage de Caussade, en Lot-et-Garonne. Par la signature du préfet, l’Etat l’autorise en juin 2018, en dépit des avis défavorables de l’Autorité environnementale, de l’Agence française de la biodiversité, du Conseil national pour la protection de la nature. Saisie par des opposants, la justice le déclare quelques mois plus tard illégal, mais les porteurs du projet n’en ont cure. Ils lancent les travaux.
Le barrage est construit sur une largeur de plus de 350 mètres et sur plus de 10 mètres de profondeur, détruisant une zone humide. Le tout dans une atmosphère délétère où les membres des associations de défense de l’environnement sont intimidés, menacés de mort. Aujourd’hui, France Nature Environnement recense cinq décisions de justice, de différentes juridictions, confirmant l’illégalité de l’ouvrage. Il est toujours là, avec sa retenue de près de 1 million de mètres cubes.
Hélicoptères, barrages filtrants, traceur GPS…
L’histoire des cinq mégabassines de La Laigne, Cramchaban et La Grève-sur-Mignon (Charente-Maritime), et leur 1,6 million de mètres cubes, n’est pas différente. Annulation de l’autorisation de remplissage et d’exploitation en 2009. Confirmation en appel l’année suivante. Rien à faire : les bassines sont construites et exploitées. Une nouvelle demande d’autorisation, presque identique à la première, est formulée en 2015… et accordée par le préfet. Avant que ce nouvel arrêté ne soit derechef annulé par la justice administrative en 2018, puis en 2022. Comme la retenue de Caussade, ces ouvrages sont illégaux et toujours exploités – à l’exception d’un seul, endommagé par des militants en 2021.
Ces situations sont d’autant plus choquantes que l’Etat déploie – brandissant le respect du droit en étendard – des moyens considérables pour entraver toute protestation. Interdictions de manifester, mobilisation d’hélicoptères, barrages filtrants déployés pour empêcher les rassemblements d’« écoterroristes », etc. Les forces de l’ordre utilisent pour surveiller et confondre ceux-ci des systèmes généralement réservés à l’antiterrorisme : installation de caméras devant le domicile d’un militant, pose d’un traceur GPS sous le véhicule de Julien Le Guet, le porte-parole du collectif Bassines non merci…
Ce dernier a d’ailleurs été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de paraître à Sainte-Soline et à Mauzé-sur-le-Mignon. Lui sont reprochées une variété d’infractions de gravité variable, parmi lesquelles le vol d’une pelle, à l’automne 2022. Nul ne saurait contester la réalité des débordements et des dégradations matérielles qui se sont produites ce week-end autour des bassines de Sainte-Soline et de Mauzé-sur-le-Mignon. Mais la débauche de moyens dépêchés par l’Etat pour les empêcher contraste cruellement avec la tranquillité opérationnelle dont jouissent les tenants de l’agro-industrie lorsqu’ils malmènent des journalistes ou des opposants à leurs projets.
Mercredi 22 mars, pour la seconde fois, le vice-président de Nature Environnement 17 a vu sa propriété saccagée par des agriculteurs pro-bassines, des inscriptions homophobes taguées sur les murs. Son épouse a été agressée. Dans son édition du 23 mars, L’Obs publie une enquête édifiante sur les exactions dont sont régulièrement victimes les militants écologistes, souvent dans une indifférence à peu près totale.
L’Etat de droit est, paraît-il, un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit et où l’égalité de traitement de chacun est garantie. Que le simple rappel de cette définition puisse ces jours-ci sembler tout à coup si subversif : cela devrait tous nous inquiéter.
Le monde
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La bataille des méga-bassines : mais qui veut la guerre de l’eau
Voilà comment s’écrit l’Histoire. Malgré la répression et les barrages de police, 30000 personnes ont mis leur corps sur la ligne, parce que ce qui se joue ici, c’est un choix entre deux modèles d’agriculture, et l’un des deux s’accapare l’eau. La Bataille des #MégaBassines à Sainte Soline en était bien une, mais qui veut la guerre ?
https://www.youtube.com/watch?v=LMJK2YZEa4M
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La bataille des méga-bassines : mais qui veut la guerre de l’eau
Voilà comment s’écrit l’Histoire. Malgré la répression et les barrages de police, 30000 personnes ont mis leur corps sur la ligne, parce que ce qui se joue ici, c’est un choix entre deux modèles d’agriculture, et l’un des deux s’accapare l’eau. La Bataille des #MégaBassines à Sainte Soline en était bien une, mais qui veut la guerre ?
https://www.youtube.com/watch?v=LMJK2YZEa4M
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La brutalité policière a un nouveau nom : Sainte-Soline
C’est « en état de choc » que les manifestant·es ont quitté le village des Deux-Sèvres. Comme Sacha, 27 ans, qui ne cessait d’entendre des voix paniquées dans son talkie-walkie réclamant « ils sont où les médics, ils sont où ? » entre les détonations des 4000 grenades tirées ce samedi. Les soignant·es sur place disent leur « sidération ». Tel Clara, sage-femme, qui doit écouter une régulatrice puis un médecin du Samu affirmer qu’ils ne peuvent dépêcher une ambulance sur place alors qu’elle se tient près d’un blessé « en état d’urgence absolue ». Nous aussi à basta! sommes « hébétés » devant ces récits. Au lieu de dénoncer la violence de la police, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce mardi vouloir dissoudre les Soulèvements de la terre, l’une des organisations à l’origine de la manifestation.
Manifestants dans le coma, blessés graves : des professionnels de santé racontent Sainte-Soline