Inflation et faim

J’enrage !

J’enrage de savoir que depuis des mois, je suis bernée par les belles promesses d’un ministre de l’économie qui affirme bien fort que les prix baissent. Je préférerais que ma retraite de 923 euros augmente ; je n’ai pas envie d’agrandir la longue liste de ceux qui se rendent aux restos du coeur, ces mêmes restos qui devront refuser des bénéficiaires, faute de finances. Un jour, les émeutes réapparaîtront, et ce seront les émeutes de la faim.

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?

Pour ma part, je n’ai rien vu d’exceptionnel, quelques centimes par-ci , par-là, pas assez pour les clients mais assez pour les distributeurs et les industriels qui, eux continuent à se remplir les poches sur le dos des acheteurs, et bien sûr, ce n’est pas de leur faute à ces professionnels, l’augmentation des prix est dû au covid, à la guerre en Ukraine et à la hausse du pétrole. Mais, comme il faut bien se nourrir,  la pilule miracle n’ayant pas encore été  inventée,

Ce matin, je me suis donc rendu au supermarché pour quelques courses. Pour l’instant, je continue à acheter mes légumes à un collectif de petits producteurs, les prix sont raisonnables et les tomates ont le goût de tomates, pour ce qui est de la viande, fromage, poisson, je me tourne vers les grandes surfaces, rayons surgelés car mon budget est serré.

J’ai arrêté de manger du fromage de vache, chèvre ou brebis car sur ce produit, l’augmentation a triplé. Je me régale donc avec du fromage blanc à 0%, plein de calcium. Il est vendu en pot de 1kg, et me dure une semaine. Je prends la marque « petit prix », et il est aussi bon que celui de la marque du distributeur, bien plus cher.

J’arrive devant le rayon, je me baisse pour prendre le pot, et je m’aperçois que le prix est passé à 1 euro 79. Je pense à une erreur, que ce produit a été déplacé ; il arrive que les clients prennent et déposent plus loin.

Pour être sûr, je vais le scanner à une borne, et celui-ci apparaît bien à 1 euro 79. Le mois dernier, cet article affichait  1 euro 53 , il a donc augmenté de 23 centimes. À cette allure, les prix les plus bas vont dépasser les prix de la marque de ce supermarché, à moins que ceux-ci n’augmentent aussi. Du profit, toujours du profit, il n’y a que ça qui compte pour ces rapaces, ces profiteurs, qui savent y faire, et les clients sont assez crédules pour les croire, et les médias ne cessent de me dire que le panier de la ménagère a baissé. J’aimerai savoir où ils font leurs courses. Et ras-le-bol de leurs conseils pour faire des économies.

Je préférerais que ma retraite de 923 euros augmente ; je n’ai pas envie d’agrandir la longue liste de ceux qui se rendent aux restos du coeur, ces mêmes restos qui devront refuser des bénéficiaires, faute de finances.

Ces files de bénéficiaires qui ne feront qu’augmenter dans les années à venir. Avec cette retraite à 64 ans, de nombreux seniors se retrouveront à pôle-emploi, en fin de droits de chômage, et n’auront d’autres choix que de demander une aide alimentaire.

Le gouvernement a promis une aide de 35 millions d’euros et pourquoi ne pas obliger les milliardaires du CAC 40 à  participer à cette aide ? Liberté, Egalité, Fraternité, ces trois mots ont-ils encore une signification en 2023 ?

Un jour, les émeutes réapparaîtront, et ce seront les émeutes de la faim.

Cléa latert ; abonnée de Mediapart