Un an de prison avec sursis pour le porte-parole du collectif « Bassines non merci »
Neuf militants étaient jugés à Niort pour l’organisation et leur participation aux manifestations du 29 octobre 2022 et du 25 mars 2023 à Sainte-Soline, un chantier emblématique de la contestation des mégabassines.
Le tribunal de Niort a rendu sa décision ce mercredi matin dans le procès des opposants aux mégabassines. Et celle-ci confirme la criminalisation des actions écologistes en suivant les réquisitions du parquet et en prononçant des peines de prison pour trois des neuf militants et des amendes pour les six autres. Ainsi, Julien Le Guet, le porte-parole du collectif « Bassines non merci » est condamné à un an de prison avec sursis, assorti d’une interdiction de paraître à Sainte-Soline pendant trois ans. Deux militants des Soulèvements de la terre écopent respectivement de neuf et six mois de prison avec sursis et de l’interdiction de venir dans le département des Deux-Sèvres pendant trois ans. Les six autres, parmi lesquels des militants de la Confédération Paysanne, de la CGT et de Solidaires devront s’acquitter d’amende allant de 500 à 1000 euros chacun.
Tous étaient poursuivis pour l’organisation de la manifestation du 25 mars 2023 à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), un chantier devenu emblématique de la guerre de l’eau qui fait rage autour des mégabassines. Depuis, la Ligue des droits de l’Homme a largement documenté le « déploiement massif et inconsidéré de la force » contre les personnes venues manifester ce jour-là. Certains étaient également poursuivi pour leur participation à une précédente manifestation sur ce chantier, fin octobre 2022 ; ainsi que pour d’autres types d’infractions.
Le parquet dans les pas du ministre de l’Intérieur
Le procès des neuf prévenus s’était ouvert le 8 septembre 2023 au tribunal correctionnel de Niort, dans un contexte tendu et brouillon. Les avocats de la défense dénonçaient alors des faits non caractérisés, et des infractions pêle-mêle, portant sur une large chronologie. Suspendu, le procès avait repris fin novembre. À l’issue, le parquet avait requis six à douze mois de prison avec sursis pour trois des prévenus. La peine la plus lourde visait alors Julien Le Guet, porte-parole du mouvement Bassines non merci. Les six autres devant écoper d’amendes allant de 300 à 1 300 euros. Le procureur de la République avait également demandé des interdictions de paraître dans les Deux-Sèvres pendant trois ans.
Pour rappel, ce procès autour des mégabassines n’est pas le premier. Le 27 juillet 2023, quatre militants avaient été jugés au sein de ce même tribunal à Niort. L’un d’eux, Loïc Schneider, avait écopé d’un an de prison ferme (aménageable sous bracelet électronique) et d’une interdiction du territoire des Deux-Sèvres pendant trois ans. Les trois autres avaient été condamnés à des peines allant de deux à quatre mois avec sursis. Enfin, suite au 29 octobre 2022, cinq autres militants avaient refusé de comparaître à leur audience le 28 novembre 2022 et avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis.
« Je pense que notre stratégie fait peur », analysait l’activiste écologiste Léna Lazare auprès de Rapports de Force, au lendemain de la manifestation du 25 mars dernier. « On voit bien que les militants écologistes ont envie de passer la vitesse supérieure : des projets écocidaires se font partout, on a très peu de prise sur nos vies… On se rend compte qu’il va falloir faire advenir les choses par nous-mêmes, et que cela passe par des actions de désarmement et de sabotage ».
rapportsdeforce.fr