Un monde de cinglés
Roulez à l’électrique, triez vos déchets, mettez un pull et chauffez à 19°,
Rationalisez vos kilomètres, marchez pour le climat, faites du vélo.
Pourquoi devons-nous faire des économies pour la collectivité alors que :
– Les Jeux olympiques d’hiver se sont déroulés à Pékin sur de la neige artificielle.
– En France, des stations de ski éclairent des pistes jusqu’à minuit pour que « les lève-tard » puissent skier en nocturne.
– La Lufthansa effectue 8.000 vols « à vide » pour garder ses slots. (créneaux )
– La plupart des grands matchs de foot se déroulent en soirée sous les spots de méga projecteurs qui consomment à tout va !- Les 8 nouveaux et gigantesques stades de foot de la Coupe du monde au Qatar ont été climatisés (dans un désert)
– Des centaines de camions circulent pour nous amener des fruits et légumes d’Espagne alors que des produits régionaux vont à la poubelle ou sont écrasés par des bulldozers
– Le plus grand paquebot du monde : Wonder of the seas va promener 7000 passagers, 2300 membres d’équipage et tourner en rond sur les mers.
– Environ 3500 porte-conteneurs circulent dans le monde et consomment chacun 280 000 litres de fuel pour 1000km.
– Les milliardaires s’offrent des voyages dans l’espace à des conditions « astronomiques »
– Les chauffeurs de nos très « chers » ministre attendent la sortie du conseil, véhicules en marche, clim en service,
Et… pendant ce temps, « PAR SOUCI D’ÉCOLOGIE » on va interdire de rouler avec une voiture au diesel ou à l’essence un peu ancienne à des gens qui n’ont pas les moyens de changer de voiture et qui doivent s’en servir pour aller travailler et on va suggérer de baisser le chauffage de 1°
De qui se moque-t-on ?
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Sobriété …
Alors qu’Emmanuel Macron multiplie les appels à la sobriété énergétique ou à la sobriété sur l’eau, la police a de plus en plus recours à la surveillance numérique et notamment à l’intelligence artificielle.
Le monde diplomatique de février 2023 nous apprend par exemple que des logiciels d’intelligence artificielle permettent d’analyser les flux des caméras de vidéo surveillance afin de faciliter le travail des policiers municipaux. Pour quoi faire ? Pour identifier des vendeurs à la sauvette ou des mendiants, pour détecter des dépôts sauvages, des colis abandonnés, des intrusions dans un bâtiment, des mouvements de foule, des bagarres, ou encore des délits routiers. Interpol, de son côté, a arrêté un mafieux calabrais en cavale depuis 2006 après qu’un logiciel de reconnaissance facial l’eut identifié sur une photo publiée par le journal Le Progrès en 2021 lors de l’ouverture de son restaurant à Saint-Etienne.
Au-delà des dangers pour les libertés publiques, cette utilisation renforcée de l’intelligence artificielle a un impact non négligeable sur l’environnement puisque la fabrication des équipements numériques est particulièrement énergivore, tout comme leur fonctionnement (l’industrie des data centers représente environ 4% de la consommation mondiale d’électricité). Tous les data centers ne servent pas à l’analyse de la vidéo-surveillance, bien sûr. Mais le numérique dans son ensemble est indissociable de la surveillance généralisée, car il est basé sur la collecte de données, les algorithmes, et l’automatisation des fonctionnements (1).
Alors osons cette question : et si le meilleur moyen d’atteindre l’objectif fixé par Emmanuel Macron d’une réduction de 10% de la consommation énergétique en France, c’était de supprimer la technopolice ?
Ruptures, le 3 mars 2023
(1) Groupe Marcuse, La liberté dans le coma, Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer, La Lenteur, 2019.
éditorial publié dans La nouvelle vague n°10, mars 2023