JO une contre-cérémonie …

Pour rappeler les « mensonges »

Militants et citoyens se sont rassemblés place de la République à Paris jeudi, à la veille de la cérémonie officielle d’ouverture des JO, dans le but de lister à nouveau les méfaits sociaux, économiques et écologiques de l’événement sportif. 

Des appels à la régularisation de travailleurs sans papiers, d’autres pour dénoncer la politique d’éloignement des personnes sans abri et migrantes, des chants en soutien à la lutte du peuple palestinien… À la tribune de la contre-cérémonie des Jeux olympiques, jeudi soir à Paris, les slogans sont divers et décrivent une contestation variée contre l’organisation de l’événement sportif hors-norme qui va rythmer la capitale cet été. 

Cette contre-cérémonie, organisée place de la République par un collectif de 82 associations, a rassemblé à la veille de la cérémonie officielle plusieurs centaines de personnes, majoritairement des militant·es, mais aussi des citoyens et citoyennes révolté·es face à « l’absurdité » des Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JOP) de Paris. La promesse de l’événement : « Vous expliquer tout ce sur quoi on vous a menti ! »

Premier à parler à la tribune, Paul Alauzy, de Médecins du monde – également coordinateur du collectif d’associations Le revers de la médaille, dont l’objectif est de mettre en lumière le coût social des JOP, notamment sur les plus précaires –, dénonce « un an de nettoyage social », qui a rendu la vie impossible à des « personnes aux parcours déjà cabossés ». Le collectif a documenté cette politique de la ville de Paris dans un rapport publié en juin 2024, qui soulignait une hausse des expulsions et des évacuations de lieux de vie informels. Des expulsions qui ont continué jusqu’à quelques jours avant le début officiel de la compétition. 

Des cris de « Shame ! » (« honte ») s’élèvent de l’audience lorsque sont nommés Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) et « tous les nettoyeurs sociaux bien au chaud dans leurs ministères ». 

« Les Jeux olympiques sont un condensé du capitalisme qui détruit notre planète, lance ensuite Stéphane, représentant du syndicat Union syndicale Solidaires. Gentrification à marche forcée, désastre écologique, tour de vis autoritaire et mépris de classe : de plus en plus de gens se rendent compte de l’absurdité de ces événements. »

Au micro de Mediapart, représentants associatifs et citoyen·nes partagent tous ce constat.  

« Il faut garder en mémoire la sueur des travailleurs et travailleuses qui ont bossé tous les jours, d’abord dans le bâtiment, et aujourd’hui dans l’hôtellerie ou les services publics », souligne le représentant d’Union syndicale Solidaires. Dans les esprits, la mort tragique d’Amara Dioumassy, chef d’équipe d’origine malienne de 51 ans, percuté par un camion aux abords de son chantier sur le bassin d’Austerlitz en juin 2023. 

« Pas de papiers, pas de JO ! », crient au mégaphone trois jeunes du collectif des Jeunes du parc de Belleville, des mineurs isolés qui luttent pour une égalité de droits, pour mettre aussi en lumière la question centrale des travailleurs et travailleuses sans papiers qui ont participé à la construction de nombreux sites directement ou indirectement liés à l’organisation des JOP par la ville de Paris.

La lutte du peuple palestinien omniprésente

À côté des drapeaux des associations organisatrices flotte souvent celui de la Palestine, tandis que les prises de parole sont ponctuées de slogans en soutien au peuple palestinien. « Ces Jeux sont un scandale car ils accueillent une équipe israélienne dont le gouvernement est responsable d’un génocide à ciel ouvert », s’insurge une représentante de l’Union juive française pour la paix (UJFP). 

« Ce sont les Jeux de la honte, continue Brahim, étudiant à la Sorbonne qui a participé aux mobilisations étudiantes pour demander la fin de la guerre à Gaza. Mais la jeunesse ne se laissera pas faire face à toutes ces injustices. On sera dans la rue, toujours, car notre détermination est plus forte que la leur. »

Quelques instants plus tôt, un face-à-face s’était créé aux abords de la place de la République entre les manifestants propalestiniens participant à la contre-cérémonie et des membres du collectif Nous vivrons, venus se rassembler sans autorisation pour dénoncer, eux, des « Jeux olympiques de l’antisémitisme ». Ils ont déployé une banderole sur laquelle étaient affichés les visages de plusieurs député·es de La France Insoumise (LFI), notamment Thomas Portes et Aymeric Caron. 

Ces derniers ont dénoncé récemment un « deux poids deux mesures » entre les athlètes russes contraints de concourir sous bannière neutre depuis le début de la guerre russe en Ukraine, et les athlètes israéliens autorisés à porter leur drapeau malgré la guerre en cours à Gaza. Séparés par deux cordons de policiers, les deux groupes se sont fait face plusieurs minutes, sans heurts. 

La veille de cette contre-cérémonie, les Alpes françaises avaient été choisies par le Comité international olympique pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver en 2030. Une décision qui désespère sur la place et donne à la lutte contre les Jeux olympiques et paralympiques des airs de combat de David contre Goliath. Mais pour Noah, pas de raison de perdre espoir, car, « à la fin, c’est David qui gagne ! ».

mediapart