Exploitation du zircon

Cela se passe dans le Niafrang et Ebéné, au nord de la basse Casamance (Sénégal)

Les dangers sont mis sous silence

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Le zircon, scientifiquement connu sous le nom de silicate de zirconium (ZrSiO4), est un minéral apprécié pour sa polyvalence et ses nombreuses applications. Avec sa remarquable résistance à la chaleur, à la corrosion et aux produits chimiques altération, le zircon est utilisé dans diverses industries. Les zircons de qualité gemme, connus pour leur éclat brillant et leur dispersion, sont recherchés sur le marché de la bijouterie et se déclinent en différentes couleurs, dont le bleu et le rouge. En géologie, le zircon joue un rôle crucial en tant qu’outil précieux pour la datation radiométrique, offrant un aperçu de l’histoire de la Terre. De plus, le zircon est utilisé dans la fabrication de matériaux réfractaires, de céramiques, de fonderie et dans la technologie nucléaire, ce qui en fait un minéral clé dans les processus industriels modernes.

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LE PERMIS DE CASAMANCE (NIAFRANG) ET KASSEL 

INCOHÉRENCES ADMINISTRATIVES

Il y a plusieurs années, nous étions revenus notamment sur les utilités multiformes du zircon, les incohérences administratives de notre Etat qui promulgue presque en même temps un décret de délimitation des aires maritimes protégées et qui autorise un permis d’exploiter sur une des aires (Abene) avec un arrêté ministériel. Nous avions aussi mis en évidence les forfaitures frauduleuses de Carnégie Ltd en Gambie qui exploitait des ressources au-delà de son permis. Aujourd’hui, nous abordons une autre partie relative à l’étude d’impact environnemental du projet d’exploitation du Zircon en Casamance. Je.rappelle que cette étude d’impact environnemental et social n’est plus techniquement valable. Toutes les descriptions techniques et sociales ont radicalement changé depuis 2007. Je parle bien évidemment du permis de Casamance de Niafrang. Je reviendrai sur le permis de G-Sand récemment octroyé et qui a fini son Étude d’Impact Environnemental et Social (EIES).

UNE BANDE CÔTIÈRE DE 6 KM

La configuration technique de ce projet est très instable. A la place des 5 ans initialement prévus, sa durée est réévaluée à 3 ans et 3 mois. Le projet polarise une quarantaine de villages particulièrement du Fogny : Kabata, Santhiaba, Kabadio, Niafrang, Abene, Kafountine, Bagnikaky, Jannah, Albadar, Koubanack. ..En zone restreinte, l’exploitation se fera sur une dune minéralisée de 6 km qui va jusqu’à Kalissaï. En zone étendue, elle pourra toucher plus de 700 km². Durant la durée du projet, il est prévu d’exploiter annuellement 1.100.000 tonnes de sable minéralisé. L’ Etat semble jouer au forcing pour exploiter cette petite mine en s’appuyant notamment sur l’étude d’impact environnemental ou du moins les aspects qui lui sont favorables. Et en estimant aujourd’hui que les populations sont favorables à son exploitation. A la lecture de l’étude d’impact, que de silences notés !!! Nous résumons en gros nos observations sur ces silences ou oublis volontaires. 

BARRIERE HYDRAULIQUE MENACÉE

L’étude semble mettre insuffisamment l’accent sur les fonctions hydrauliques essentielles de la dune (site d’exploitation). Cette dune est une barrière hydraulique qui protège les villages environnants même si l’avancée furieuse de la mer la déstabilise au quotidien. Si on creuse des planches de 40/20 mètres jusqu’à atteindre la nappe phréatique, après avoir décapé strates par strates, on baisse ipso facto le niveau de la dune. Avec des derrick flottantes qui vont aspirer de façon gravitaire les minéraux lourds et les décapages selon les profondeurs pour les atteindre, les affaissements de la dune vont inexorablement se poursuivre pour menacer naturellement et directement les rizières qui lui sont presque contigües. Avec les alizés qui soufflent au nord-ouest et les rizières qui sont du Sud-est, cette exploitation risque d’ensabler tout le système de production rizicole. A droite, la dune risque aussi de subir les agressions de l’océan avec ses conséquences sur la salinisation des eaux. 

FAIBLE PRISE EN CHARGE DES DISPOSITIFS D’IRRIGATION

L’EIES préconise, pour faire face aux conséquences de l’exploitation notamment, la plantation de vétivers. Ce qui est frappant dans cette étude, c’est l’absence d’un dispositif d’irrigation. Tout semble faire croire d’ailleurs que ces aspects n’intéressent pas vraiment les responsables du projet. Une étude d’impact ne peut faire l’économie de deux interventions distinctes ce qui est presque absent dans le rapport : 

– Sur le côté Ouest, nous sommes confrontés à une érosion éolienne avec des lignes de plantation qui sont orthogonales à la direction du vent. Sur le côté Est (face aux rizières), nous sommes en face d’une érosion avec des eaux de ruissellement où les lignes de semis sont par rapport aux paliers de niveau. Comment stabiliser cette dune après exploitation ? Que valent des vétivers face à la puissance racinaire des baobabs et autres stabilisateurs. 

BESOINS HYDRAULIQUES

Pour extraire ces minéraux, les besoins hydrauliques du projet sont estimés à 192 m³ d’eau par heure pendant 3 ans et 3 mois. Dans une zone où les besoins hydrauliques humains sont loin d’être satisfaits, pomper autant d’eau expose ces villages à plus d’insécurité hydraulique. Il faudra sans doute être très vigilant sur cet indicateur hydraulique. 

OPPORTUNITÉS ECONOMIQUES

Cette dune est considérée comme sauvage dans les études d’impact environnemental. On oublie aussi de noter qu’elle est un véritable cordon économique conforme au système de production agricole local. En effet, outre sa fonction de barrière hydraulique, cette dune protège de fait les rizières et autres bas-fonds et tout l’écosystème qui nous produit du poisson, des huitres et autres produits de mer. L’enjeu politique et économique serait plutôt de remettre dans l’économie nationale ce système de production rizicole au lieu d’imposer l’exploitation de cette petite mine qui va tout déstructurer. Les 163 emplois temporaires prévus n’en valent pas franchement la chandelle. Voilà à notre avis, les bonnes postures politico-économiques dans une zone où le contrôle de la terre continue d’aiguiser des passions et d’installer des frustrations connues. Cette exploitation ne fera qu’accentuer la fracture entre le Sud et le reste du pays. 

TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES RESSOURCES

Ce qui est aussi frappant – c’est valable pour toutes les autres mines – c’est que ces études d’impact environnemental ne sont presque jamais mises à disposition des chefs de village ou des collectivités locales. Sous le prétexte fallacieux que les communautés ne savent pas lire ou comprendre. La première démarche démocratique qui doit être mieux inscrite dans le nouveau code minier est de laisser systématiquement des exemplaires aux collectivités qui pourront s’organiser à leur guise pour faire appel à une expertise de leur choix au besoin. Il ne sert à rien de présenter à des communautés souvent analphabètes un rapport d’impact de 1000 pages avec des annexes techniques comme on l’a vu avec une société minière à Sabadola. Les rapports sont trop secrets et circulent entre des experts et une administration restée encore sur un modèle de commandement au lieu d’être une administration d’ouverture. Qu’est ce qui empêche de les publier sur les sites du Gouvernement pour que nul n’en ignore ? 

PERMIS DE G-SAND À ABÉNÉ 

Comme un cheveu dans une soupe d’eau, l’État du Sénégal s’organise à nouveau pour octroyer des permis d’exploitation et d’exploration à la compagnie minière G-Sand dans un contexte où l’État lui-même a installé  des Aires Maritimes Protégées (AMPN- Abéné). Dans l’opacité totale, un projet de délibération publique tente de s’organiser il y a quelques mois avec la société G-Sand qui doit aussi exploiter les sables minéralisés sur ce même tronçon qui va de Kalissaï à Abéné. Les observations sur le permis de Casamance restent valables pour G-Sand puisque c’est la même d’une et les mêmes caractéristiques géomorphologiques, hydrauliques, sanitaires, sociales. Dans les connaissances actuelles d’exploitation, ce sera un véritable désastre écologique et une déstructuration fatale de la dune et de ses conséquences sur les rizières, les habitats. Les acteurs qui soutiennent ce projet le regretteront chèrement dans quelques mois. Les routes et miettes d’emplois saisonniers n’en valent pas la peine.