Les JO vues par « le Revers de la médaille »

Paris a effectué un « nettoyage social » de la ville, selon le collectif « Le revers de la médaille »

Ce lundi 4 novembre, le collectif « Le revers de la médaille » publie son rapport final sur le « nettoyage social » de Paris durant les Jeux olympiques et paralympiques. Il dénonce des expulsions et des éloignements de sans-abris dans le but de cacher la grande précarité.

C’est une soixantaine de pages qui dénoncent les manquements de l’État. Ce lundi 4 novembre, le collectif « Le revers de la médaille » dévoile son rapport final sur le « nettoyage social » de Paris pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Ce collectif est composé de plus de 100 associations, dont Médecins du monde, ATD Quart Monde ou encore Emmaüs.

20.000 sans-abris expulsés…

Entre avril 2023 et septembre 2024, le collectif a compté « au moins 19.526 personnes expulsées de leur lieu de vie » soit « une augmentation de 33% par rapport à la période 2021-2022. Ces lieux de vie incluent des bidonvilles, des regroupements de tentes, des squats« .

« Le nombre de personnes mineures expulsées a particulièrement augmenté ces dernières années. Au moins 4.550 mineurs ont été expulsés de leur lieu de vie informel entre avril 2023 et septembre 2024, soit trois fois plus que sur la période 2021-2022 (1.527 mineurs expulsés) ».

Avant les Jeux, le collectif « Le revers de la médaille » avait demandé l’ouverture de 20.000 places d’hébergement d’urgence en France dont 7.000 en Île-de-France.

…à cause des Jeux ?

Selon Le revers de la médaille, il y a un lien direct entre les expulsions de sans-abris et l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. « Plusieurs de ces expulsions ont été justifiées par des arrêtés évoquant directement des raisons olympiques. À proximité des sites des Jeux, les aménagements dissuasifs pour éviter la réinstallation de campements de rue se sont multipliés. »

Pour les associations membres, à l’approche des Jeux, les expulsions se sont faites en plusieurs temps :

  • une pause des expulsions en juin, analysée par certaines associations comme un moyen de faire “grossir” les lieux de vie afin d’évacuer un maximum de personnes plus facilement juste avant les Jeux
  • une reprise des expulsions en juillet, avec une accélération particulière pendant les 10 jours précédant la cérémonie d’ouverture des Jeux (18 expulsions entre le 16 et le 24 juillet 2024)
  • un nouveau ralentissement du rythme des expulsions en août, pendant les Jeux Olympiques […] puisque les expulsions précédentes et la surmobilisation policière ont de fait renforcé la dispersion et l’invisibilisation des personnes.

Médaille d’or du « social washing »

Avant les Jeux, l’État avait annoncé la création d’un programme dédié aux « grands précaires » et « grands marginaux » impactés par l’organisation de l’événement. Du « social washing » selon le collectif qui juge le travail de l’État insuffisant et considère qu’il donne une image trompeuse de la réalité. « Ce dispositif est sous-dimensionné (3.492 personnes ont été recensées sans-abri à Paris durant la Nuit de la Solidarité ) […] Prétendre que ce système de non-accueil offre satisfaction et qu’il est mené dans une logique humanitaire relève bel et bien du social washing. »

L’État a selon le collectif cherché à invisibiliser les personnes en situation de grande précarité. « À partir du 15 juillet 2024, les derniers campements informels de personnes exilées, qui se trouvaient à proximité des sites olympiques, ont été évacués. Des centaines de personnes ont alors été hébergées temporairement dans des ‘sites tampons’ en Île-de-France […] Le déblocage de ces places met en exergue la capacité de l’État à offrir ce type de solutions, mais aussi sa volonté de ne le faire que dans une logique calculée de libération de l’espace public. »

Pour autant, dans son rapport, le collectif reconnaît en partie son efficacité. « Dans l’ensemble, les intervenants confirment une situation exceptionnelle dans le cadre de ce programme de 256 ‘places grands précaires’, avec des propositions de logements pérennes« .

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