L’actuel voyage de Marine Le Pen à Mayotte est doublement interrogateur
Premièrement, après tout.e.s celles et ceux qui l’ont précédée, il confirme cette capacité qu’a le personnel politique « officiel » à soulever un problème en faisant très attention de ne surtout pas le traiter avec le recul nécessaire. Car il faut une sacrée dose d’abstraction géographique pour oublier que Mayotte appartient à l’archipel des Comores ; par conséquent voir dans les comoriens des « émigrés clandestins », c’est quand même nier totalement la situation coloniale de cette « région administrative » française qu’est Mayotte. Qui pour rappeler que les Comoriens sont quand même plus « chez eux » à Mayotte que les nationaux français !
Cette dose d’abstraction est alimentée par une xénophobie contagieuse. Quand le FN était raciste, le RN se contente d’être xénophobe, pourquoi ? Parce que c’est beaucoup plus rassembleur.
Vis à vis des Comoriens, les Mahorais ne sont pas racistes, il leur suffit d’être xénophobes.
Dans un monde – celui de la croissance – où l’individualisme est poussé à sa limite, c’est la dissociété qui domine, c’est-à-dire cette forme de société qui prétend n’être plus constituée que par les entre-soi et dont le seul dénominateur commun est le rejet des altérités, au nom des identités.
Mieux que toutes les autres formations politiques, le RN l’a compris et peut procéder à une extension de son domaine de nuisance. Il devient ainsi le rassemblement de tous les rejets.
- des « assistés »
- des « étrangers »
- des LGBTQIA+…
- du « wokisme »
- de l’écologie
- bref, de tous les domaines où un être humain universel peut se mettre à la place de tout autre, que cet autre soit dans la misère, d’un autre genre, qu’il soit une autre entité du vivant, qu’il soit un « lointain » ou un prochain…
Voilà pourquoi nous voulons décroître : parce que nous voulons mettre fin à ce monde où la croissance des rejets nourrit toutes les formes de concurrence de chacun.e contre chacun.e.
Amitiés xénophiles,
La Maison commune de la décroissance