A Hénin, un habitant subissait les décisions de Veolia.
A Noyelles-Godault, une Roumaine faisait mendier ses enfants. Le bienveillant maire les dénonce. La mère se retrouve en prison !
Réduit à vivre avec un filet d’eau pendant trois mois, il gagne son procès contre Véolia
Sans emploi depuis trois ans et alors qu’il ne touche que le revenu de solidarité active (470 € par mois), cet habitant d’Hénin-Beaumont ne réussissait plus à payer ses factures d’eau. Du jour au lendemain, et pour 350 € d’impayés, Véolia lui a réduit son débit d’eau. Entre février et mai, ce quadragénaire a vécu « dans la misère ». Véolia a été condamné à payer 4 000 € d’amende.
« L’eau c’est la vie, on ne peut rien faire sans eau. » Claude (*), 46 ans, sait de quoi il parle. Pendant trois mois, il a vécu avec uniquement un filet d’eau qui s’échappait de son robinet. « Il me fallait exactement cinq minutes pour remplir une bouteille d’eau de 33 cl », commente le quadragénaire. « Trente minutes pour que le réservoir de chasse d’eau se remplisse… » À force de cogiter, l’Héninois développe des astuces pour pouvoir se laver ou lancer une machine à laver. « Je remplissais des marmites d’eau la veille, puis je les chauffais deux à trois minutes au micro-ondes pour me laver… »
Cette situation « inhumaine », il l’a vécue pendant trois mois. Quatre-vingt-huit jours, de février à mai. C’est une facture d’eau impayée de 350 € qui l’a entraîné dans la spirale. « J’ai demandé un deuxième échéancier, je n’y arrivais plus, mais ça n’a pas été accepté. Mes demandes d’aides ? Toutes déboutées… »
Claude, au RSA, ne paye plus, en connaissance de cause. « Je ne pouvais pas faire autrement avec le loyer, le gaz, la nourriture… » Mais, du jour au lendemain, alors qu’il va prendre une douche… plus d’eau. Ou presque. Véolia a posé une « lentille » sur la canalisation d’eau pour réduire son débit.
« La honte » l’accable. Il n’en parle à personne. Pas même sa petite amie ni même ses frère et sœur. « Personne ne rentrait chez moi, je voulais me foutre en l’air. » L’homme ne sait pas que la pratique de la compagnie des eaux est illégale. C’est un voisin, seul au courant, qui réagira à sa place. En prévenant rapidement l’association France Libertés. Ces derniers déposent plainte et ce sera « la délivrance » pour cet habitant d’Hénin-Beaumont. « L’eau était revenue ! »
4 000 euros d’amende pour Véolia
Le procès se tiendra quelques semaines plus tard, au tribunal d’instance de Lens. Le 13 juin, les juges ont condamné Véolia à verser 4 000 € d’amende.« Trop peu rapport au préjudice moral » pour Claude. « Mais cela prouve que la pratique est clairement illégale », se réjouit pour sa part Emmanuel Poilane, directeur de France Libertés. « Même les précaires ont le droit de se battre, ils n’ont pas à avoir honte. Même si on est faibles, on est protégés par la loi ! »
Aujourd’hui, Claude a commencé à rembourser sa dette auprès de Véolia grâce à un nouvel échéancier, à raison de 35 € par mois.
Par le biais d’un communiqué, Véolia indique que « la pratique de la réduction de débit qui était soumise à des interprétations différentes de la loi Brottes, a été clarifiée par une décision de la cour d’appel de Nîmes du 9 février 2017 et consigne a été clairement donnée de ne plus procéder aux réductions de débit ».
Coupures interdites, quelle que soit la situation financière
Depuis une loi de 2013 (loi Brottes), et son décret d’application de février 2014, les coupures d’eau sont interdites dans une résidence principale, quelle que soit la situation financière des clients concernés.
« Ce sont pourtant des pratiques qui perdurent », regrette Emmanuel Poilane. « Ce matin même, j’ai encore eu un témoignage. » En trois ans, l’association a eu à gérer 1 400 cas sur l’ensemble de l’hexagone.
(*) L’Héninois a préféré garder l’anonymat. Encore aujourd’hui, il n’a informé personne de sa situation, par honte.
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A Noyelles-Godault, une mère qui obligeait ses enfants à mendier aux feux rouges envoyée en prison
Alertés par le maire, inquiet de voir des enfants mendier avenue de la République à Noyelles-Godault, les policiers ont, le 20 septembre, interpellé une Roumaine de 43 ans. Elle a été condamnée lundi, au tribunal de Béthune, pour exploitation de la mendicité de ses trois enfants et pour soustraction à ses obligations légales pour ne pas les avoir scolarisés.
Il était reproché à la quadragénaire d’avoir obligé ses trois enfants à mendier. Et ce, à des intersections jugées dangereuses
C’est un « choc de cultures », comme l’a qualifié Me Peine-Herbaux, qui s’est joué lundi au tribunal de Béthune. Dans le box, une Roumaine qui vivait dans un camp à Hénin-Beaumont avec ses enfants de la ferraille et surtout de la mendicité. Face à elle, l’institution qui l’accusait d’exploitation de la mendicité de ses trois enfants et de soustraction à ses obligations légales pour ne pas les avoir scolarisés.
Enquête ouverte après un signalement du maire
C’est le maire qui, début juillet, a alerté le parquet, inquiet de voir des enfants mendier avec leur mère aux feux, avenue de la République. Les policiers ont multiplié les surveillances et les prises de photos avant d’interpeller Magdalena Constantin, le 20 septembre. Cette Roumaine de 43 ans – qui a, au passage, multiplié les fausses identités – avait avoué mendier avec ses enfants « car s’ils ne sont pas là les automobilistes ne donnent pas d’argent, et il n’y a personne au camp pour les garder ».
Mais au tribunal, par la voix de l’interprète, elle revient sur ses déclarations : oui elle mendiait, après avoir été expulsée de son logement à Denain, mais pas ses enfants, « qui jouaient dans l’herbe ». Pourtant, une quinzaine de photos prouvent le contraire… Quant à la déscolarisation des trois enfants âgés de 6, 7 et 10 ans, elle explique qu’ils allaient à l’école à Denain mais qu’ici, n’ayant pas de logement, elle ne les a pas inscrits.
Des enfants « dans un état d’hygiène lamentable pour apitoyer les automobilistes »
Les trois enfants, représentés par Me Mallet, ont été placés en foyer en septembre. Un placement qui a d’ailleurs été prolongé de 6 mois. L’avocate a évoqué « un dossier douloureux » avec un « déchirement affectif » mais qui a permis aux enfants de bénéficier d’un suivi pour leur santé, leur hygiène et leur scolarité. La procureur, rappelant qu’en garde à vue, la prévenue a reconnu « envoyer ses enfants travailler, que ce n’est pas un travail difficile », insiste sur la dangerosité du carrefour où les enfants mendiaient. Des enfants « dans un état d’hygiène lamentable pour apitoyer les automobilistes », martèle-t-elle, en rappelant que la prévenue a, en plus, déjà été condamnée à 3 mois de prison pour les mêmes faits. Cette fois, elle a requis 6 mois de prison.
Six mois de prison avec maintien en détention
Me Peine-Herbaux, admettant que les accusations sont difficilement réfutables, a répété que sa cliente ne comprenait pas vraiment ce qu’on lui reprochait, elle qui mendiait pour nourrir sa famille. L’avocate a surtout plaidé pour une peine qui permettrait d’accompagner cette femme en situation de précarité. Mais les juges ont suivi les réquisitions : 6 mois de prison avec maintien en détention, et 100 € de dommages et intérêts à chacun de ses trois enfants.
Voix du Nord
Commentaire lu :
« Ah le brave maire ! Mais que fait-il pour les enfants qu’il « oblige » à dormir sous tente sur une herbe mouillée et sans aide pour se nourrir, se vêtir , se laver, etc .?
Quant à l’état français et ses représentants, la question pourrait lui être posée de la même façon car il connait bien la situation de ces familles dans la précarité telle qu’il leur faille mendier pour manger … Et il ne fait presque rien d’autre que les pourchasser. »
Deuxième commentaire lu :
Quelle horreur et quelle mauvaise foi !!
Ce qu’ils oublient de dire c’est que sans eau et en vivant en caravane entre deux terrils c’est difficile d’être propres
Ils oublient de dire que, comme les mairies refusent la domiciliation -ce qui n’est pas légal-, il n y a pas de moyen de scolarisation.
Quelle honte !!!!
Médecins du monde peut peut-être réagir
Et écrire a la voix du nord pour dire ce qui en est
En même temps cette Dame n’est certainement pas aller demander sa domiciliation a la mairie de Noyelles-Godault et on n’a pas de preuves que ça a été refusé