La victoire du marketing vert ?
Un commentaire de Claude pour commencer :
(…) le consommateur n’est pas forcément au courant que dans le cas de certaines offres, l’électricité qui arrive chez lui n’est pas d’origine renouvelable, mais qu’on y a ajouté une étiquette qu’on a achetée ailleurs parce que la loi le permet (…)
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Et ce ne sont pas les promesses qui manquent : Direct Energie vous propose « d’agir pour la planète », ENGIE vous assure du vert à tous les étages, EDF vous propose de « contribuer à la transition énergétique » sans changer vos habitudes et Lampiris (Total) de faire «le choix de la nature ».
De beaux arguments donc pour une électricité produite sans énergies fossiles ni nucléaire : vent, cours d’eau, soleil, déchets en sont à l’origine.
Des offres qui donnent envie, mais lorsqu’on creuse..
D’abord, il faut avoir conscience d’une chose : à moins de s’auto-alimenter, les électrons qui arrivent dans nos prises ne sont pas triés, c’est un paquet qu’on appelle « mix électrique » : beaucoup de nucléaire (+ de 70%), un peu de renouvelable (- de 20%). Mais, lorsque vous souscrivez à une offre d’électricité verte, votre fournisseur s’engage, en théorie, à injecter l’équivalent de votre consommation dans le réseau, ce qui nous laisse penser qu’en faisant ce choix, on contribue à verdir le fameux mix…
En pratique, la grande majorité des fournisseurs en font un argument marketing et utilisent un système autorisé : les garanties d’origines
→ voir l’article ci-dessous « Electricité verte, quel impact pour la transition énergétique, »
Les garanties d’origine
Ce mécanisme consiste à coller une étiquette sur 1 MWh : à partir de cette même quantité d’électricité renouvelable produite en Europe ou en France dans les 12 derniers mois mais vendue sans son étiquette verte… qui, elle, est mise de côté et collée à votre électricité…
Résultat : vous manger des pommes conventionnelles mais vendues en BIO grâce à une étiquette, ce qui ne change pas vraiment le monde et pour votre fournisseur, ce n’est pas bien cher mais c’est un argument.
Faire le tri dans les offres
Soyez rassurés, il y a des offres un peu plus exigeantes qui se fournissent auprès de producteurs (généralement hydrauliques) locaux, par exemple « Energie d’ici« , qui investissent même dans de nouveaux moyens de production comme la coopérative « Enercoop« , ou qui vous conseillent pour produire votre propre électricité comme « Ekwateur« …
https://www.franceinter.fr/emissions/social-lab/social-lab-19-novembre-2017
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Electricité verte, quel impact pour la transition énergétique?
Les offres d’électricité verte se multiplient sur le marché et de plus en plus d’acteurs se positionnent sur ce créneau avec beaucoup d’arguments marketing à faire valoir. Mais du côté du consommateur, l’impact sur l’environnement est souvent plus limité qu’escompté.
Tarifs réduits, promesses d’un impact positif sur l’environnement, soutien aux filières du renouvelable… depuis quelques années, les offres d’électricité verte se sont multipliées en France, de la part de fournisseurs historiques mais aussi de nouveaux venus. Mais en pratique, ces offres alléchantes sont souvent rendues possibles grâce au système de la garantie d’origine et leur impact sur la production d’énergie reste relativement limité.
Explication avec David Marchal, directeur adjoint productions et énergies durables à l’ADEME (Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
Comment fonctionne le système des garanties d’origine ?
A chaque fois qu’une quantité d’énergie renouvelable est produite, un certificat d’origine qui garantit sa provenance est émis. Ce certificat peut ensuite être vendu séparément de l’énergie, à des fournisseurs par exemple, qui ont ensuite le droit d’apposer cette étiquette sur l’énergie qu’ils vendent.
C’est un système qui peut paraître surprenant
Il faut savoir qu’il existe un nombre de certificats équivalent à la quantité d’énergie renouvelable qui a été produite. Il n’y a donc pas de double-comptage à ce niveau-là. Simplement il y a un moment où le producteur peut vendre cette énergie dans un premier circuit de distribution et vendre les certificats séparément. De l’autre côté de la chaine, on a les fournisseurs, dont certains peuvent acheter de l’énergie standard d’un côté et des certificats d’origine de l’autre et les mettre dessus.
Donc cette électricité a été vendue une première fois physiquement et le consommateur n’est pas assuré que ce sont des électrons verts qui arrivent directement chez lui. On peut le reprocher au système mais c’est quand même lié à la réalité physique de l’électricité. Le consommateur qui voudrait absolument consommer une électricité verte n’a pas d’autre solution que d’avoir un câble directement entre chez lui et un moyen de production vert.
Donc l’impact d’un consommateur qui choisirait une offre verte est limité ?
Tout dépend de quel impact on parle. Le consommateur qui fait le choix d’une offre verte montre avant tout montre qu’il veut consommer plus propre et ça, c’est une très bonne chose. Il ne faut pas enlever cet avantage au système. Mais effectivement, il n’est pas forcément au courant que dans le cas de certaines offres, l’électricité qui arrive chez lui n’est pas d’origine renouvelable, mais qu’on y a ajouté une étiquette qu’on a achetée ailleurs parce que la loi le permet.
Mais au moins, le consommateur qui choisit une offre verte est assuré qu’il y a une quantité d’électricité verte équivalente à sa consommation qui a bien été injectée sur le réseau. De toute façon, un consommateur qui fait le choix d’une offre verte qu’il va payer moins cher que l’électricité classique ne peut pas croire qu’il va davantage financer les énergies renouvelables. Je pense qu’il faut lui dire clairement que ce qu’il achète, c’est un système de traçabilité. Je ne dis pas que toutes les offres vertes sont faites comme ça, mais il y en a beaucoup dans lesquelles le consommateur ne finance pas davantage les nouvelles installations d’énergie renouvelable que l’ensemble des consommateurs français.
En France, tous les consommateurs d’électricité financent les énergies renouvelables, ils ne le savent pas forcément mais ils le font. C’est le rôle de la taxe appelée « contribution au service public de l’électricité » qui représente à peu près 9 % de la facture de tous les consommateurs. Donc quelqu’un qui choisit une offre verte ne finance pas davantage les énergies renouvelables qu’un autre. Mais on a un système d’offre et de demande et si la demande des consommateurs qui choisissent des offres vertes continue à augmenter, alors on aura un vrai signal de marché.
Comment aller plus loin du côté des fournisseurs et des consommateurs ?
Aujourd’hui, le système de garanties d’origine est un service minimum, dont la seule exigence est le système d’étiquetage qui permet de séparer le certificat du produit vendu. Mais rien n’empêche les fournisseurs d’avoir un niveau d’exigence plus important et d’assurer que le produit provient de telle centrale et ça ne peut qu’améliorer la confiance que peut avoir un consommateur dans le système. C’est le cas par exemple pour Enercoop et Ekwateur.
Pour les consommateurs, tout dépend de leur niveau d’engagement. Vous avez le droit de choisir une offre verte normale moins chère mais dans ce cas de figure, vous êtes juste assurés de la traçabilité de votre électricité. Si vous voulez faire un peu plus, vous pouvez accepter de payer une offre verte un peu plus chère pour avoir un service rendu plus important. Mais tout le monde ne peut pas se le permettre. Au-delà de tout ça, on peut aller encore plus loin, en décidant de soutenir localement des projets d’énergies renouvelables. Il y a maintenant de plus en plus de financements participatifs -des plateformes de crowdfunding- qui permettent à tous et à chacun de mettre un petit peu de son épargne pour soutenir des projets locaux. Mais vous pouvez aussi, pourquoi pas, installer des énergies renouvelables chez vous.