La production d’électricité en France est issue à 75 % de l’énergie nucléaire, ce qui est un record mondial. En puissance électrique nette, la France est le deuxième pays, derrière les Etats-Unis, à produire de l’énergie nucléaire.
En préambule, un document de N. Sersiron intitulé « Bure, cimetière du progrès »
https://yonnelautre.fr/spip.php?article14685
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Les dangers liés à cette technologie sont nombreux et les débats sur la sortie du nucléaire sont incessants.
Plusieurs pays européens autour de la France ont décidé de sortir du nucléaire civil. L’Allemagne a décidé l’arrêt définitif de ces centrales au plus tard en 2022 après la catastrophe de Fukushima en 2011. Voici pourquoi la France devrait suivre cet exemple.
Les risques liés au nucléaire
Les risques du nucléaire existent à plusieurs niveaux : sanitaire, environnemental, sécuritaire… La durée de vie légale des centrales nucléaires en France est de 40 ans. Or, les centrales françaises sont vieilles et ont presque cette moyenne d’âge, les risques sont donc nombreux.
La pollution radioactive
Il n’y a pas de seconde chance possible avec le nucléaire. L’accident de Tchernobyl en 1986 en Ukraine ou dernièrement en 2011 à Fukushima au Japon en sont des exemples. Que le problème provienne d’une erreur humaine ou d’une catastrophe naturelle, le résultat est le même, la situation sanitaire est un désastre. Sur l’ensemble du continent européen, on parle de 9 000 à 90 000 décès imputables directement à la pollution radioactive liée à Tchernobyl. Les problèmes sanitaires liés à cet accident se font d’ailleurs encore ressentir en France notamment au niveau des cancers de la thyroïde.
Une technologie pas vraiment propre
Une pollution indirecte
Les pro-nucléaires avancent l’argument que cette technologie serait peu polluante à la différence du charbon par exemple. Ils affirment que le nucléaire n’émet pas de carbone et ne pollue pas l’air. En effet, de la même façon que le photovoltaïque et l’éolien, le nucléaire ne produit pas directement de CO2. Cependant, les pollutions ne sont pas seulement à ce niveau. Le nucléaire pollue en carbone indirectement lorsque l’on prend en compte son cycle de vie notamment lors de :
- l’extraction de l’uranium et de sa fabrication en combustible,
- la construction et du démantèlement des réacteurs.
La question des déchets
C’est un des gros problèmes du nucléaire au niveau environnemental. Pour l’heure, nous ne savons pas traiter les déchets radioactifs. Il n’est pas possible de les “détruire”. La solution trouvée a donc été de les enfouir. Ils le sont dans des centres de stockage comme à la Hague. A Bure (Meuse), le projet Cigéo, lancé en 1996, vise à stocker les déchets les plus radioactifs, les plus dangereux à 500 mètres sous terre.
Le projet rencontre une forte opposition locale mais le démarrage de la construction du stockage est prévu pour 2022. La durée de vie d’un déchet radioactif est en moyenne de 100 000 ans d’où les doutes. Personne ne peut affirmer avec certitude que l’imperméabilité du site sera assurée, d’où la contestation locale et nationale.
La sécurité des centrales
Greenpeace a réussi à rentrer plusieurs fois dans des centrales nucléaires sans trop de difficulté. Dans un contexte sécuritaire tendu, les centrales nucléaires peuvent apparaître comme une cible aux conséquences multiples. De même des risques de catastrophes naturelles ne sont pas à exclure, notamment au niveau des inondations. Un grave incendie s’est déroulé en décembre 1999 dans la centrale nucléaire du Blayais à cause de la tempête. Avec la marée et les vents de plus de 140 km/h, les vagues ont franchi la digue qui devait protéger la centrale. C’est la première fois que l’autorité de sûreté déclenchait la gestion nationale de crise. L’incendie grave a été évité de peu.
Le coût du nucléaire
Les dizaines de milliards d’euros investis dans le nucléaire posent la question de la viabilité de cette technologie. La question se pose de faire confiance à une filière qui absorbe des sommes considérables, paralysant la progression des énergies renouvelables.
Le coût de la construction
Actuellement, un seul réacteur nucléaire est en construction en France. La mise en service de l’EPR (dernier modèle de centrale) de Flamanville était prévue en 2012, de multiples retards ont émaillé la construction. Un nouveau retard a été annoncé en juillet 2018. Le démarrage est prévu au mieux pour fin 2019 ou début 2020. Au départ, le chantier devait coûter 3 milliards, la facture avoisine les 11 milliards, presque 4 fois plus. Les mauvaises nouvelles n’ont cessé de s’abattre sur Flamanville : défaut des cuves, problèmes de soudures…
EDF détient la majorité des réacteurs nucléaires en France. Or, EDF est détenu à environ 85 % par l’Etat français. Le nucléaire engloutit donc des sommes colossales d’argent public.
Le traitement des déchets
Les déchets ne sont pas uniquement un problème environnemental, ils sont un problème de coût également. Comme on ne sait pas quoi faire de ces déchets, la solution de facilité reste de les enfouir. Or, cette méthode coûte cher. Le coût du projet Cigéo à Bure (centre de stockage des déchets radioactifs), on parle de 25 à 36 milliards d’euros mais comme cela s’écoule sur plusieurs dizaines d’années, personne ne sait vraiment combien le projet coûtera réellement.
Les incertitudes liées au démantèlement
Pour l’instant, la loi accorde une durée de vie au centrale de 40 ans. EDF chercherait à prolonger le droit de fonctionner de centrales de 10 à 20 ans, soit 50 ou 60 ans. En effet, le démantèlement d’une centrale en fin de vie a également un coût astronomique qui n’est pas chiffrable avec précision. EDF estime que le coût de démantèlement des 58 réacteurs français est estimé à 75,5 milliards d’euros sur plusieurs décennies. Sachant que le démantèlement obéit à une procédure précise, il faut 20 à 25 ans pour démanteler un réacteur.
La somme de 75 milliards semble impressionnante mais cela pourrait être encore plus. Or, la plupart des centrales ont été construites entre 1977 et 1987 et devront être arrêtées bientôt. Pour l’instant, EDF n’a provisionné que 36 milliards pour cette tâche. De plus, le géant de l’énergie ne prend pas en compte le coût de la remise en état des sols qui est pourtant une “exigence légale élémentaire”. La question du démantèlement est donc loin d’être résolue.
Quelles alternatives au nucléaire ?
Le nucléaire verrouille la progression des énergies renouvelables. L’argent octroyé au nucléaire n’est pas dépensé pour faire progresser le secteur recherche et développement dans le domaine des énergies renouvelables. Pourtant, des solutions existent.
Développer les énergies renouvelables
Concernant le futur de l’énergie, ce n’est pas une énergie qui remplacera toutes les autres, c’est un parc énergétique diversifié qui va permettre de faire diminuer la part du nucléaire.
Plusieurs types d’énergies renouvelables existent. On peut citer notamment :
- L’énergie solaire,
- L’énergie éolienne,
- L’énergie hydraulique,
- La biomasse,
- L’énergie géothermique.
La part de l’énergie renouvelable en France pour la production d’électricité est d’environ 18 %. Si l’on prend en compte la consommation finale toute énergie confondue, on descend à environ 13 %. Pour l’instant, il y a un manque d’investissement dans les énergies renouvelables.
Dans l’Accord de Paris et le Plan climat, l’Union européenne affiche des ambitions fortes au niveau des énergies renouvelables. L’objectif est d’arriver à 27 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute en 2030. Dans sa loi de transition énergétique pour la croissance verte, la France a même décidé de porter cette part à 32 % dès 2030. Des objectifs élevés qui vont être difficilement atteignable si une grande partie des investissements part pour le nucléaire.
Un manque de volonté politique
Pour compléter la question de savoir si la France doit sortir du nucléaire, il faut se demander si elle le peut et à quelle échéance. La part du nucléaire est prépondérante.
La France commence à vouloir diversifier son parc énergétique même si le processus est très lent. Macron semble attaché au nucléaire même s‘il est d’accord pour en diminuer la part. La France a inscrit dans une loi en 2015 l’ambition de réduire la part du nucléaire à 50 % d’ici 2025. Ce défi n’apparaît cependant pas réalisable. Le nouveau retard de la construction de l’EPR de Flamanville a repoussé la fermeture de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim dont la fermeture était une promesse de François Hollande. La fermeture est prévue en 2020 à présent. La France pourrait aller plus vite pour diminuer sa dépendance au nucléaire mais ce n’est pas le chemin retenu avec insistance pour l’instant.
Sources
https://www.lemonde.fr/energies/article/2018/07/25/l-epr–
https://www.lejdd.fr/societe/bure-pourquoi-le-projet-denfo
https://www.nouvelobs.com/planete/20170131.OBS4665/