La police ferroviaire sert à quoi ?
A permettre le dialogue ? J’en doute !
A déranger (le mot est faible !) les citoyens ? J’en suis sûr !
mardi 4 avril, un peu avant 21 h, j’étais en gare de Lille dans l’attente du train qui me ramènerait à Douai.
Je lisais et un Monsieur s’est approché de moi ; bien esquinté du côté du nez. Il a commencé à parler … C’est alors que les Zorros (je ne veux évidemment pas écrire « les zéros ») de la police ferroviaire sont intervenus. Ils étaient en force : trois ! Ils voulaient absolument que la personne qui s’était approchée de moi sorte de la gare. J’ai commencé par dire à ce trio que ce Monsieur me parlait, comme tout un chacun peut normalement le faire … dans un pays normal. Ils ont répondu en indiquant que la mendicité était interdite. Sur le moment, je n’ai pas su quoi répondre !
Je me doutais qu’il y aurait une suite. Quelques instants après, je me dirigeais pour monter dans le train. Les héros de la police ferroviaire, pensant avoir affaire à un dangereux fraudeur et/ou terroriste, formaient un barrage pour m’empêcher de passer. Le chef de la troupe de protection des citoyens honnêtes m’a demandé d’ouvrir mes sacs. Il a regardé rapidement et a peut-être « vu » des livres, livres que je venais d’acheter et que je recommande :
– Quand je serai grande, je changerai tout ; Irmgard Keun
– Urgence antiraciste
– Ce qui compte vraiment ; Fabrice Nicolino
– Les animaux nuisibles, bouc émissaires de la République des privilèges ; Jean Marc Sérékian
Mon charmant détective n’a évidemment pas pu voir les titres des livres, étant donné que le trio faisait cela uniquement par représailles. Ils n’ont pas suffisamment fouillé pour voir si j’avais éventuellement des objets contondants ou … une bombe.
Bien entendu, cela ne s’est pas limité à cette inspection folklorique. Ils ont demandé mon billet de transport. Comme cette garde protectrice n’était pas suffisante, elle était en compagnie des deux « contrôleurs ». l’un d’entre eux a vérifié la validité du billet de transport. Chance pour moi : j’étais en règle !
Bien entendu, je ne leur ai pas dit que j’étais certainement fiché S. Car je pouvais risquer une fouille au corps.
J’en ai profité pour féliciter ces cinq personnes d’être les zélés serviteurs d’un pouvoir au service de la répression, du pays révolutionnaire des droits de l’Homme. Je leur ai aussi dit qu’il était évident que le Monsieur qui m’avait parlé était dans le hall de la gare pour jouir pleinement de la vie et en profiter totalement pour éventuellement faire la mendicité. Je leur ai également dit qu’ils ne risquaient pas de faire la mendicité car ils étaient payés par l’État, c’est à dire par … moi, entre autres !
Par ailleurs, dans le courant de la conversation d’un haut niveau, il y a même un contrôleur qui a précisé que je n’étais pas obligé de prendre le train. C’est ce qu’on appelle scier la branche sur laquelle on se trouve !
Pendant que ce Monsieur qui m’avait parlé dans le hall de la gare essayait éventuellement de récupérer un peu de quoi se sustenter, j’ai donc eu affaire à cinq forçats du boulot bien fait dans une gare presque vide : il n’y avait pas de danger que les « policiers de la voie ferrée » soient entourés par une foule hostile à leurs méthodes.
Inutile de préciser que j’ai été le seul à être « contrôlé » ; c’est d’ailleurs la première fois que je vois la police ferroviaire travailler ainsi !
Pour la petite histoire, l’un des contrôleurs m’a dit que je pourrais encore être contrôlé dans le train. Sur ce point, il bluffait car, à cette heure-là, il y a très peu de contrôles ; ils doivent sûrement préparer leur nuit !
Soyez donc assurés : la police rassure et contrôle la situation ! Les djihadistes ont de quoi avoir peur. C’est tout de même réconfortant en ces temps tellement moroses.
Une dernière remarque qui permet de voir qu’on est dans une France apaisée. Quand on arrive en gare de Lille, on sent que tout se passe bien. Il y a des déplacements de l’armée (avec fusils, bien entendu ; il y aussi la police en nombre assez conséquent. Il y a enfin la police ferroviaire !
Tout cela fait prendre conscience que l’état d’urgence n’est pas un vain mot et que l’on aboutit, en ce moment, à une France pacifiée. Vive la République, vive la France etatdurgentisée.
Vous voudrez bien m’excuser mais je ne sais pas chanter ce qui devrait venir ensuite !