IL FAUT COMMENCER A PENSER A L’AVENIR
Je connais une calabraise dans la force de l’âge et la plénitude de l’humour qui, dès potron minet, boit de longues gorgées d’huile d’olive à même le goulot de la bouteille. Elle dit oeuvrer avec force à sa longévité et que l’huile d’olive pressée à froid et vierge extra consommée sans modération en serait un des moyens les plus sûrs.
Cela m’a immédiatement remis en mémoire que l’ail et le curcuma additionnés de poivre noir sont les autres ingrédients d’une potion magique qui pourrait bien faire de nous des centenaires gambadant joyeusement dès les premiers rayons du soleil printanier et cela jusqu’aux dernières lueurs de l’été indien, réservant l’hiver et ses frimas au tarot et à la lecture.
Fort de ces informations, je demande confirmation à mon médecin référant et à une apothicairesse de ma connaissance. Toutes les deux me regardent longuement, songeuses, puis elles consentent à me dire du bout des lèvres: « Cela ne peut pas faire de mal ». Fort de l’imprimatur de la faculté, je m’empresse donc de vous communiquer la recette de mon élixir de jouvence et potion magique mêlée qui permettrait de retarder l’apparition d’un futur cancer.
Je ne le fais pas par altruisme ou en raison d’accès de générosité débridée, encore moins parce que j’aurais quelques placements lucratifs dans la production d’huile d’olive. Je le fais par pur égoïsme. Je n’ai aucune envie de me retrouver, seul centenaire ou, plus insupportable encore, d’être seul à gambader par monts et par vaux, contant fleurette à gauche et étrillant joyeusement et même férocement à droite pendant que vous vous pelotonnez sous une vieille couverture de laine, collés au radiateur, sirotant une camomille avant de vous faire une bouillotte. Pire encore, en train de faire votre chimio en râlant contre l’univers entier.
Donc. Dans un bol, vous versez une rasade d’excellente huile d’olive, vous incorporez une gousse d’ail écrasée à l’aide d’un pressoir…à ail. Vous mélangez bien. Vous mettez une petite cuillère à café de curcuma complétée par une pincée de poivre noir. Vous mélangez de manière à obtenir une pâte bien homogène que sa texture permet de tartiner. Vous étalez un peu de cette pâte sur une tranche de pain et vous mangez la tartine. Inutile de mettre une couche trop épaisse, ni d’en manger trois d’affilée ou de renouveler l’opération quinze fois par jour en espérant rajeunir. La curcumine qui comme son nom l’indique est le principe actif du curcuma n’est absorbée que par petite dose. Le poivre en décuplerait l’action, quant à l’huile d’olive et l’ail, cela ne peut pas faire de mal.
Pensez cependant à vous essuyer les lèvres et ses alentours, le curcuma colore joliment et avec ténacité. Un bain de bouche peut se révéler utile surtout si vous sortez danser et si vous deviez inviter une jolie demoiselle ou vous-même être invitée à danser un slow. Je parle d’expérience, non pas avec de l’ail mais avec une tartine au fromage de Munster.
Santé ! Santé les amis !
FK