Voitures électriques polluées

 … … PAR LE TRAVAIL DES ENFANTS

Je me fais aujourd’hui le relai d’Amnesty International qui dénonce l’opacité des entreprises sur l’origine du cobalt utilisé pour leurs véhicules.

Amnesty International s’est invité au Salon « Mondial de l’Automobile » à Paris (du 1er au 16 octobre 2016) pour alerter sur cette exploitation dissimulée sous les fars de l’innovation. [1]

« Les voitures électriques ne sont probablement pas aussi « propres » que vous le pensez. Les clients doivent savoir que ces voitures vertes sont peut-être polluées par les souffrances des enfants qui travaillent en RDC[2]. Les clients du Mondial de l’automobile à Paris achèteraient-ils une voiture s’ils savaient qu’elle a été construite au prix d’une enfance sacrifiée ?, a déclaré MarkDummett, chargé de recherches sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International.

Plus de la moitié du cobalt extrait à travers le monde – le cobalt est un composant essentiel des batteries lithium-ion qui alimentent les véhicules électriques – provient de la RDC, et 20 % sont extraits des mines manuellement.

Les recherches menées par Amnesty International pour le rapport « Voilà pourquoi on meurt » [3] rendu public en janvier 2016, ont permis de montrer que des adultes et des enfants n’ayant parfois pas plus de sept ans travaillent dans des conditions épouvantables dans des exploitations minières artisanales. Ces mineurs sont à la merci d’accidents mortels et de graves maladies pulmonaires, et ne gagnent pas plus qu’un dollar par jour.

Extraits :

Les résultats de nouvelles recherches, rendues publiques par Amnesty International la veille du Mondial de l’automobile 2016 de Paris, ont permis de pointer du doigt cinq constructeurs. Selon de nouvelles sources et des communiqués de presse des entreprises, le fabricant de batteries sud-coréen LG Chem fournit des batteries pour :

  • La Chevrolet Volt de GM,
  • Les Twizy et ZOE de Renault-Nissan,
  • des versions améliorées de la Tesla Roadster.

Amnesty International a utilisé des documents d’investisseurs pour montrer que le cobalt

1- extrait de mines de la RDC

2- est acheté par une entreprise chinoise, Zhejiang Huayou Cobalt (Huayou Cobalt),

3- qui le fournit ensuite à des fabricants de composants pour batteries en Chine et en Corée du Sud.

4- Ces fabricants de composants vendent à leur tour leurs produits à des fabricants de batteries, notamment à LG Chem et à Samsung SDI,

5- chez qui se fournissent un grand nombre des plus grands constructeurs mondiaux d’automobiles.

 L’entreprise Renault a déclaré qu’elle répondrait à Amnesty International « le plus tôt possible »,

mais n’a pas fourni plus d’informations.

 Par contre, BMW et FiatChrysler ont tous deux répondu de façon détaillée, mais en ne fournissant pas de preuve suffisante de leur respect des normes internationales applicables concernant les chaînes d’approvisionnement en minerais.

 Les démarches volontaires des entreprises ne suffisent pas. Amnesty International demande également aux gouvernements d’adopter des lois obligeant les entreprises à mener des vérifications et à révéler publiquement les informations sur le lieu d’origine des minerais et leurs fournisseurs. Il n’existe à l’heure actuelle aucun système de régulation du marché du cobalt. Le cobalt n’est pas concerné par les règles relatives aux « minerais de la guerre » actuellement en vigueur aux États-Unis, qui portent sur l’or, le coltan/tantale, l’étain et le tungstène provenant de mines de la RDC.

En France, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à obliger les grandes entreprises françaises, telles que Renault, à empêcher les atteintes aux droits humains dans leurs chaînes d’approvisionnement.

Ce texte sera examiné par le Sénat en octobre. [4]

Les principales conclusions du rapport « Voilà pourquoi on meurt » [5] sont les suivantes :

  • Les mineurs sont exposés au risque de troubles de santé à long terme et d’accidents mortels.
  • La grande majorité des mineurs travaillent chaque jour de longues heures avec du cobalt sans aucun équipement de protection de base tel que des gants, des vêtements de travail et des masques pour protéger les poumons et la peau.
  • Au moins 80 mineurs travaillant dans des mines artisanales sont morts sous terre dans le sud de la RDC entre septembre 2014 et décembre 2015.
  • Des enfants ont dit à Amnesty International avoir travaillé jusqu’à 12 heures par jour dans ces mines, en transportant de lourdes charges pour gagner entre un et deux dollars par jour.
  • En 2014, environ 40 000 enfants ont travaillé dans des mines du sud de la RDC, dont un grand nombre dans des mines de cobalt, selon l’UNICEF.
  • Paul, un orphelin de 14 ans qui a commencé à travailler dans des mines à l’âge de 12 ans, a dit aux chercheurs qu’à force de travailler sous terre pendant de longues périodes, il était tout le temps malade : « Je pouvais rester 24 heures dans les tunnels. J’arrivais le matin et en ressortais le lendemain matin […] Je devais me soulager dans les tunnels […] Ma mère adoptive a voulu m’envoyer à l’école, mais mon père adoptif était contre, il m’exploitait en m’envoyant travailler dans les mines. »

Vous pouvez consulter l’intégralité de l’article ainsi que les pièces jointes ici :

https://www.amnesty.be/je-veux-m-informer/actualites/cobalt_voitures

                                          * * *

Extraits du dossier  “ Voilà pourquoi on meurt ”d’Amnesty :

« Les mineurs artisanaux en RDC travaillent de diverses manières et à divers endroits pour extraire du cobalt.

À certains endroits, les mineurs creusent très loin sous terre pour accéder au minerai. Ces mineurs, qui sont pour la plupart des hommes, travaillent dans des tunnels souterrains et utilisent des marteaux, des burins et d’autres outils manuels.

 Ailleurs, les mineurs, notamment des enfants, récupèrent du cobalt rejeté par un grand nombre de mines industrielles implantées dans la région (résidus de roches issus des processus d’extraction et de raffinage). Ils ramassent des pierres contenant du minerai reposant à la surface ou à proximité de la mine, le plus souvent sans la permission des entreprises. Les pierres qu’ils récupèrent sont ensuite nettoyées, tamisées et triées dans des courants d’eau et des lacs situés dans les alentours. Généralement, les femmes et les enfants sont impliqués dans le lavage et le tri du minerai.  »

                                                             * * *

« Amnesty International et Afrewatch ont conduit des travaux de recherche dans les zones minières artisanales du sud de la RDC en avril et mai 2015 en se rendant dans cinq sites miniers. Ils ont interrogé près de 90 personnes y travaillant ou y ayant travaillé, dont 17 enfants.

L’exposition chronique à la poussière contenant du cobalt peut éventuellement résulter en une maladie pulmonaire mortelle connue sous le nom de «fibrose pulmonaire aux métaux durs».

L’inhalation de particules de cobalt peut également causer «une sensibilisation des voies respiratoires, des crises d’asthme, un essoufflement et un affaiblissement des fonctions pulmonaires». En outre, un contact cutané prolongé avec ce minerai peut aboutir à des cas de dermatite.  »

« les mineurs indiquent que les accidents sont fréquents dans la mesure où il n’est pas rare que les tunnels s’écroulent.

Rien qu’entre septembre 2014 et décembre 2015, la station de radio dirigée par l’ONU en RDC, Radio Okapi, a rapporté le décès accidentel de plus de 80 mineurs artisanaux dans l’ancienne province du Katanga. Toutefois, ce nombre est probablement bien en deçà de la réalité dans la mesure où bon nombre d’accidents ne sont pas répertoriés et que les corps demeurent enterrés sous les décombres. »

Carte : la RDC dans le monde © Wikipedia


Compléments

* pour montrer l’importance de la recherche inconsidérée et incontrôlée du cobalt à Kolwezi (région minière du sud-est du pays jusqu’à Lubumbashi) :

http://observers.france24.com/fr/20140807-kolwezi-kasulo-quartier-residentiel-devaste-mineurs-cobalt-congo-rdc

* Mais aussi les précautions du Gouvernement Français à ses ressortissants

(mise à jour du 17 octobre 2016) :

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/republique-democratique-du-congo/

– – –

Vous pouvez signer la pétition sur le site d’Amnesty International :

http://www.amnesty.be/je-veux-agir/agir-en-ligne/signer-en-ligne/cobalt


[1] https://www.amnesty.be/je-veux-m-informer/actualites/cobalt_voitures

[2] République Démocratique du Congo

[3] http://www.amnesty.be/IMG/pdf/afr_62_3183_2016_ext_fra.pdf

« Voilà pourquoi on meurt »

Les atteintes aux droits humains en République démocratique du Congo alimentent le commerce mondial du cobalt. (83 pages)

[4] http://www.senat.fr/dossier-legislatif/ppl14-376.html

détail du texte adopté par le Sénat le 13 octobre 2016 : http://www.senat.fr/leg/tas16-001.html

[5] http://www.amnesty.be/IMG/pdf/afr_62_3183_2016_ext_fra.pdf

« Voilà pourquoi on meurt »

Les atteintes aux droits humains en République démocratique du Congo alimentent le commerce mondial du cobalt. (83 pages)

https://blogs.mediapart.fr/bonneau-alain/blog/171016/voitures-electriques-polluees-par-le-travail-des-enfants ; 17 octobre 2016