Pourquoi la violence est en centre des débats ?
Après l’échec des tentatives pour détourner un mouvement social et politique dans des débats sur les migrations, sur l’antisémitisme ou sur l’unité autour de Notre-Dame, le pouvoir se retrouve nu. Alors le ministre de l’intérieur brandit la question des violences. Mais qui est responsable de ces violences ?
Ainsi donc le président a convoqué une conférence de presse pour jeudi prochain. Mais a-t-il encore quelque chose à nous dire ? Toutes ses propositions ont été dévoilées par la presse et, à l’évidence, elles ne conviennent pas. La crise sociale et démocratique est toujours là. Les gilets jaunes continuent de manifester. Ce pouvoir n’apporte aucune réponse. Les manifestations pour le climat se poursuivent. Ce pouvoir n’apporte aucune réponse.
La conférence de presse sera donc dans le commentaire. Mais une menace se profile dont les paroles du ministre de l’intérieur à propos des « violences à venir » servent de prémices. Les espoirs de ces messieurs sont pervers : ils espèrent des violences pour discréditer le mouvement.
Mais ce sont eux qui portent la violence et qui la sèment. Leur mépris pour le peuple qui soutient majoritairement les gilets jaunes est infamant. Il devient insupportable. Il est dangereux aussi pour la situation à venir.
Monsieur le président votre énième diversion a fait long feu. S’il était juste de ne pas parler le soir de l’incendie de Notre-Dame, il était simplement inconvenant d’utiliser ce drame pour une piteuse manipulation.
Et votre diversion n’a pas fonctionnée. Vouloir instrumentaliser l’empathie populaire à l’égard d’un monument tout à la fois emblématique d’une histoire nationale et représentatif de l’évolution du savoir-faire humain pour appeler à l’unité nationale ne pouvait aboutir parce que la nature même du pouvoir que vous représentez est incompatible avec l’unité de la nation.
Avez-vous oublié que vous êtes le président des riches ? Et qu’ils sont vos amis.
Comment pouvez-vous parler de solidarité sans rétablir l’ISF, supprimer le CICE, combattre réellement l’évasion fiscale, obtenir que les plus grandes entreprises payent les milliards qu’ils soustraient de leur contribution à l’impôt ? Comment pouvez-vous parler de solidarité sans relever sensiblement les minima sociaux, les retraites et impulser une dynamique d’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat ? Comment pouvez-vous parler de solidarité en repoussant sans arrêt les mesures contre le réchauffement climatique ou pour la sauvegarde de notre biodiversité ? Comment pouvez-vous parler d’unité en refusant de mettre en place les actes d’une démocratie directe où la parole populaire retrouverait sa vraie place ?
Le peuple n’est pas dupe et vous continuez de le prendre pour ce qu’il n’est pas, de même qu’il ne supporte pas la pantomime des plus riches qui voudraient bien nous faire pleurer, agenouillé, devant leur générosité.
Tout cela a fait long feu.
En fait vous contournez toujours le problème. La diversion de Notre-Dame vient après celles que vous avez tentées auparavant en réintroduisant par exemple la question des migrations dans le débat, ou bien en suscitant l’émoi à l’égard de l’antisémitisme. Tout cela est perçu comme le témoignage de votre refus de répondre à ce qui est devant vous : la crise.
Alors que vous reste-t-il ?
Puisque, visiblement, vous ne voulez pas démissionner, puisque vous ne mettez pas en place une assemblée constituante qui pourrait refonder justement notre république et l’unité nationale bien plus qu’un « grand débat » aux questions pipées, puisqu’en Europe vous subissez camouflet sur camouflet de la part de Madame Merkel, puisque vous continuez les guerres décidées par l’OTAN et que votre ministre ose dire que les ventes de la France ne se font que pour des armes qui ne sont pas offensives, que vous reste-t-il ?
Vous comptez sur le pourrissement d’un mouvement et l’accroissement des tensions.
Avez-vous conscience que la violence c’est vous qui la générez, Monsieur le président, par votre refus de répondre aux revendications majoritaires qui s’expriment et par votre mépris ?
Comprenez-le bien vous n’êtes pas seulement confronté à une révolte mais à une crise de régime, de système, celui que vous représentez parce qu’une poignée de riches ont décidé de vous faire entrer à l’Élysée par effraction, sans aucune base sociale, contrairement à tous vos prédécesseurs.
Monsieur le président répondez à l’urgence démocratique, sociale et écologique ou bien démissionnez.
Par FRANCIS PARNY