Le procès de la honte s’est retourné contre lui !
Il doit être dégouté !!
Deux communiqués : des Effronté-es et d’Osez le féminisme
Après avoir vécu 3 ans affublées du statut de mises en examen, les victimes de Denis Baupin, comme nous assumons de les appeler, ont été relaxées ! Les effronté-es expriment toute leur sororité à celles qui ont été ignominieusement trainées sur le banc des prévenu·es par celui qui aura été leur bourreau jusqu’au bout. Nous les avons vues lors du procès, entre larmes, étreintes, force et sourire, puiser leur énergie dans une source qui n’appartient décidément qu’aux héroïnes.
Denis Baupin a quant à lui été débouté de ses demandes d’indemnités, il avait réclamé 50 000 euros de dommages et intérêts !
Pour rappel, plusieurs membres d’Europe Écologie Les Verts ont accusé l’ex Député Denis Baupin de diverses violences sexuelles via des articles publiés sur Mediapart et France Inter. L’affaire a finalement été classée sans suite pour prescription, mais le parquet a reconnu que les accusations étaient « mesurées, constantes et corroborées par des témoignages » et que les faits étaient « susceptibles d’être qualifiés pénalement ». Qu’à cela ne tienne, Denis Baupin a quand même porté plainte contre elles pour dénonciation calomnieuse et contre deux journalistes pour diffamation.
Le procès deviendra très vite l’occasion pour les victimes de raconter devant la justice tout ce qu’elles ont subi de la part de Denis Baupin, qui ne se déplacera même pas au tribunal où il voulait « laver son honneur ». Sa lâcheté ne fera que faire briller d’autant plus le courage des « accusées » qui avaient l’aplomb de plaignantes. Sandrine Rousseau, Annie Lahmer, Elen Debost, Isabelle Attard et Cécile Duflot, entre autres, parleront des SMS salaces, des gestes déplacés, des deux mains sur les seins, du pied coincé dans la porte, de ces faits étalés sur une période de plus de vingt ans. Première victoire : La procureure réclamera leur relaxe quelques jours plus tard !
Les effronté-es en sont persuadées, l’histoire de nos luttes féministes restera marquée par cette affaire, notamment dans les environnements les plus favorables à l’omerta, comme les partis où les prédateurs jouissent de la loi du silence et de la solidarité militante pour assurer leur impunité. Depuis, nous avons entendu d’innombrables militantes témoigner d’affaires couvertes et du silence de ceux qui savaient. Plusieurs autres affaires ont éclaté à l’Unef, au MJS, au PCF, à la France Insoumise, près d’une décennie après la médiatisation de l’affaire DSK. Nafissatou Diallo et Tristane Banon avaient alors été jetées en pâture, globalement peu crues, et la question des violences sexuelles au PS passée sous silence. Sans oublier en 2015, affaire du Carlton, les courageux témoignages d’ex-prostituées, qui ont subi le même traitement.
Nous espérons que ce procès engagera les journalistes à ne jamais reculer face à la peur d’être attaqué·es en diffamation, que cette jurisprudence découragera les agresseurs de se lancer dans ces procédures pour intimider leurs victimes, et que les partis cesseront de se targuer d’être féministes en se contentant de brandir un programme ou des principes de parité.
Nous espérons aussi que ce verdict provoquera une remise en question profonde du rapport qu’a la France aux violences sexuelles et sexistes, et aux backlash qu’on y inflige aux victimes. Dans plusieurs pays, #BalanceTonPorc a provoqué l’ouverture d’enquêtes et des dizaines de démissions. Aux États-Unis, les deux médias qui ont publié l’affaire Weinstein ont été récompensés par le prix Pulitzer. En France, Frédéric Haziza, Luc Besson, Pierre Joxe, Nicolas Hulot et Gérald Darmanin ne sont quasiment en rien inquiétés par celles qui les accusent. Le dernier a même été ovationné à l’Assemblée ! Les plaignantes ont été dénigrées, leurs personnalités critiquées, leurs mœurs scannés, les faits minimisés et on les a renvoyé à des procédures judiciaires longues, humiliantes et coûteuses.
S’il ne fallait que deux procès pour affirmer l’analyse des effronté-es, notons que lorsqu’une femme accuse plusieurs hommes de l’avoir violée, affaire 36 quai des Orfèvres, on tente de l’accabler en la dépeignant en séductrice, et que quand on un homme est accusé d’avoir agressé plusieurs femmes, affaire Baupin, on tente de le défendre en le dépeignant en séducteur.
Communiqué des effronté-es / 19 avril 2019
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Le procès dit Baupin : La honte change de camp !
A quand la fin de l’impunité ?
Le verdict du procès dit Baupin aujourd’hui est tombé : Denis Baupin est débouté de toutes ses demandes et condamné à payer 500 euros à chaque prévenue pour chacun des articles de presse incriminés (fruits d’une collaboration de Mediapart et France Inter). Enfin !
Procès dit Baupin, puisque Denis Baupin était en réalité le plaignant dans ce procès. Cette énième tentative d’inversion de la culpabilité contre les victimes a donc échoué. Cette stratégie consistant à attaquer les victimes de violences masculines en diffamation est bien connue, décryptée et dénoncée. Le travail pionnier de l’AVFT est à saluer en la matière (#ArroseurArrosé 1, 2, 3 et 4), et ouvre la voie, du point de vue politique comme jurisprudentiel, à une meilleure protection des femmes harcelées dans un milieu professionnel. De la même manière, lors du procès intenté par Denis Baupin, c’est toute sa stratégie d’agresseur qui a été exposée.
Cette stratégie d’agresseur a enfin été reconnue et punie par la justice : en plus d’être débouté de toutes ses demandes, Denis Baupin est condamné à payer 500 euros à chaque « prévenue » pour la reconnaissance du coût moral et financier que cette procédure a fait peser sur les victimes.
Celles qui ont été les prévenues de ce procès, les victimes des violences sexuelles commises par Denis Baupin, doivent être connues et reconnues comme des héroïnes.
Isabelle Attard, Elen Debost, Annie Lahmer, Sandrine Rousseau, et toutes les autres, des héroïnes qui avant le mouvement #MeToo ont créé une onde de choc en France quant à l’urgence de lutter contre les violences masculines et l’impunité des agresseurs.
Beaucoup reste à faire, notamment en politique. Les élus sont très loin de l’exemplarité qu’ils nous doivent, comme le rappelle le collectif Chair collab à l’Assemblée nationale ou encore les actions menées au Havre et à Cabourg.
Beaucoup d’autres femmes subissent des violences sexuelles dans le milieu politique, commises par des hommes qui empêchent ainsi le respect de la parité et la construction de l’égalité de fait.
Comme à toutes les victimes de violences de Baupin, à toutes les femmes qui chaque jour subissent les violences patriarcales, nous disons : nous sommes de votre côté et nous travaillons à construire une société à la hauteur de votre courage et de vos besoins, plainte ou pas plainte.
Tous les agresseurs, harceleurs, violeurs, qui espèrent être protégés et impunis à jamais vont apprendre tôt ou tard que la honte, la culpabilité et la peur sont en train de changer de camp. La colère et la solidarité des filles et des femmes ont cette puissance-là : Winter is coming.
Communiqué d’ Osez le féminisme
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En complément possible :
Diffamation envers Denis Baupin ? Nous aussi, nous voulons être mis.es en examen,
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Yaël Mellul, Lise Bouvet : Après l’affaire Baupin, les victimes ne doivent plus être prescrites,
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Yael Mellul – Lise Bouvet : Intouchables ? People, justice et impunité. Polanski, DSK, Cantat, Tron, innocents, forcément innocents,
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Noémie Renard :En finir avec la culture du viol,
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Geneviève Fraisse :Violences sexuelles : « Le fait divers est devenu politique »,
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