Mouvement politique des objecteurs de croissance
En ce mois d’octobre 2019, le Mouvement politique des objecteurs de croissance a fêté son 10ème anniversaire. Que de chemin parcouru en 10 ans ! Nous avons successivement connu l’indifférence, la moquerie, l’agressivité et puis une certaine compréhension. En effet, quand les jeunes crient dans les rues qu’« il faut sauver la planète » et que pour cela « il faut changer de mode de vie », que font-ils d’autre que de rejoindre ce que disent les décroissants depuis plus de 20 ans ?
Hélas, ceux qui ont le pouvoir dans nos sociétés, prisonniers de l’obligation de défendre le productivisme de leurs maîtres néolibéraux, sont loin d’oser le nécessaire et désirable changement de cap. Aussi, après un riche débat conclu par un vote pondéré, l’assemblée générale du mpOC a ordonné ses priorités pour les 10 ans qui viennent. Ainsi, nous allons :
- Poursuive le travail théorique (souvent difficile d’accès) développé par notre organisation dans l’objectif de diffuser les idées de la décroissance, en réalisant des analyses, des argumentaires directement utilisables par les militants dans les différents aspects de leur vie.
- Analyser les ressorts psychologiques, psycho-sociaux, politiques et religieux qui permettent le maintien du productivisme et du consumérisme et ainsi combattre les causes de l’immobilisme individuel et collectif.
- Développer la critique de la technocratie en montrant que l’invasion des technologies « disruptives » va à l’encontre d’une société conviviale : recherches sur les menaces actuelles et futures du technologisme et du transhumanisme qui déstructurent les repères sociétaux.
- Organiser des débats et des alliances avec les intellectuels qui réfléchissent à d’autres modèles de société.
- Accentuer des alliances avec ceux, en augmentation, qui cherchent à sortir du productivisme et du consumérisme mais en gardant notre spécificité et notre radicalité (À Contre-Courant, Les Acteurs de Temps Présents, Présence et Action culturelle, l’Association culturelle Joseph Jacquemotte, Rencontre des Continents, Extinction Rebellion, etc.).
Ce programme est certes ambitieux mais nous avons de plus en plus de complices et d’alliés au sein de la population :
– un sondage réalisé par le CNCD 11 11 11 montre qu’une majorité des Belges est favorable à une fiscalité socialement juste et plus favorable à l’environnement (impôt sur les grandes fortunes, allégement des prélèvements sur le travail et sur les petites et moyennes entreprises, juste contribution des multinationales, taxation sur les vols d’avion…) ;
– un sondage réalisé par Odaxa montre que 54% de Français sont pour la décroissance plutôt que pour la croissance verte (45%) et que 75% jugent important que leur épargne soit investie dans des produits financiers favorables à l’environnement et à l’homme.
Mais nous ne leurrons pas : même si l’opinion publique (le peuple diraient certains) commence à réaliser l’impasse dans laquelle nous mène la logique dominante, les tenants du pouvoir économique ne vont pas renoncer à leurs avantages et profits et vont imposer la récession (repli injuste et désordonné) et rejeter la décroissance choisie que nous prônons (repli socialement juste). Leur mainmise sur la plupart des médias leur permet de susciter peurs et haines qui bloquent les avancées concrètes.
Le Mouvement politique des objecteurs de croissance a donc encore bien du pain sur la planche. Grâce aux objectifs et moyens que notre assemblée générale a dégagés nous allons nous atteler à populariser encore plus la décroissance et à soutenir les multiples initiatives qui préfigurent une organisation collective socialement et écologiquement supportable.