En conclusions TRES PROVISOIRES
Il s’agit de ne pas laisser se perdre ce que cette crise nous aura appris : la nécessité et l’urgence de sortir du capitalisme… et la possibilité d’y parvenir. Nécessité et urgence qui s’alimentent tout simplement au constat que, au stade actuel de son développement, le capitalisme est voué de plus en plus à n’engendrer que la mort : la mort biologique qu’enregistre la sinistre comptabilité de la croissance quotidienne des victimes de la pandémie actuelle, en attendant que, demain, l’aggravation de la catastrophe écologique ne nous confronte à bien pire encore ; mais aussi la mort sociale à laquelle sont condamnés les rescapé-e-s par le confinement et la suspension (pour combien de temps encore ?) des libertés individuelles et collectives, à laquelle ils se soumettent en espérant que la Grande Faucheuse ne les rattrapera pas, contraint-e-s en attendant pour certain-e-s de vivre comme des rats ; quand ce n’est pas la mort psychique pour ceux et celles qui ne trouvent pas en eux et elles les ressources permettant de faire face à ce type d’épreuve et qui sombrent dans la dépression ou recourent au suicide.
Depuis un siècle, combien de fois n’a-t-on pas répété la formule d’Engels reprise par Rosa Luxembourg : socialisme ou barbarie ? Il est temps de prendre conscience que l’alternative est aujourd’hui beaucoup plus radicale : elle est tout simplement entre le communisme et la mort. (15 avril 2020)
http://alencontre.org/societe/covid-19-trois-scenarios-pour-explorer-le-c
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« Le covid-19 va-t-il tuer … le capitalisme ? »
Un dossier très intéressant de nos ami.es les belges ; dans la revue Kairos, numéro d’avril-mai 2020.
Extraits
Il est plus qu’étonnant de prendre constat du fait que des Etats :
- Qui ont laissé le secteur de l’agroalimentaire faire ce qu’il veut, se contentant de feindre de réguler les intentions des « consom’acteurs « en imposant une pastille au bas de l’écran d’une publicité télévisuelle qui nous vendait de la merde, en nous prévenant quand même que l’abus de matières fécales était nocif et qu’il fallait faire de l’exercice physique –en regardant la télévision ?
- Dont l’agriculture a peu à peu été colonisée par les logiques de profit et a participé de la programmation létale des petits paysans, tué les sols, organisant la disparition des abeilles, des insectes de façon générale, des vers de terre et de la vie ;
- Qui ont encouragé l’élevage intensif, les fermes de mille vaches, les élevages de cochons de Bretagne dont les millions de tonnes de lisier tuent les chevaux et empoisonnent les promeneurs, les poulets dont on coupe le bec, dont on broie les petits pour en faire des nuggets … soit, qui ont de l’animal une vulgaire valeur d’échange ;
- Qui ont accepté d’encore commercer avec un pays qui détruit la forêt amazonienne ; qui coupent des arbres pour construire des immeubles inutiles, des routes, des zones libres pour laisser voyager les ondes 5G meurtrières ;
- Qui ont accompagné la privatisation des soins de santé, conduisant en partie à la situation où nous sommes ;
- Qui ont encouragé le trafic automobile et n’ont jamais initié le moindre geste en faveur de sa diminution (sauf dans les grandes villes depuis peu, très doucement, au rythme des désagréments que les embouteillages causaient au secteur patronal), viciant notre air dont les particules fines et autres scories de la liberté individuelle de rouler colonisaient nos poumons ;
- Qui ont favorisé le secteur de multinationales, au détriment des remèdes alternatifs peu couteux et autant, si pas plus efficaces ;
- Qui ont exploité le « Sud » et continué à le piller de façon intempestive, pour notre confort au Nord ; ont assassiné tous les dirigeants qui tentaient de donner à leur peuple une autonomie, mal vue ici car elle aurait bafoué « l’autonomie » technologique du peuple, qui veut sa bagnole, son four à micro-ondes et son smartphone ; mettant en place des mécanismes d’aide qui avaient plus une valeur symbolique que réelle, confortant l’Occident dans cette image de notre innocence dans la situation du Sud ;
- Qui ont participé ou tolère la concentration médiatique au sein des structures propriétés de plus grosses fortunes nationales, alors qu’une information libérée, si tant est qu’elle ait pu exister à grande échelle un jour, restait la garant contre l’aliénation de la population, une nourriture à l’esprit critique, et donc l’assurance qu’elle n’aurait pas accepté toutes les « innovations » qu’on lui impose ;
- Qui laissent les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) prendre le contrôle de nos vies et de nos esprits et participer de la crétinisation des masses, leur ouvrant les portes des établissements scolaires ;
- Qui n’arrivent même pas à abolir le plastique, le glyphosate, les 4×4, les paradis fiscaux, ou plutôt les encouragent ;
- …
Il est effarant donc que ces Etats qui ont participé à ce dépérissement collectif, se souviennent désormais de nous, de notre santé et de nos vies, comme si celles prenaient maintenant le dessus sur l’économie et la croissance, et on ne peut qu’y voir, au-delà du spectacle, non pas un grand complot, mais la continuité morbide d’un mode d’organisation qu’ils ne sont pas prêts à remettre en cause après l’épisode du Covid-19, au contraire.
…
L’article se termine de la façon suivante :
Malheur, misère, maladies et morts ne sont pourtant que les affres de l’existence, mais également ben la condition intrinsèque d’un désastreux système qui a fait de la production-consommation une valeur.
En ce sens, la manique tombe à point nommé pour un système capitaliste en pleine désagrégation. Elle est notamment l’occasion :
- De tester la capacité de soumission des populations à grande échelle ;
- D’augmenter de façon faramineuse le profit des multinationales pharmaceutiques, les Etats endossant la charge de la recherche et le privé les bénéfices, dans la logique habituelle de socialisation des coûts et de privatisation des bénéfices ;
- Que les multinationales, comme elles font toujours, instrumentalisent les Etats dans des dimensions inédites. Sans ceux-ci, en effet, impossible de coordonner un dépistage et une vaccination mondiaux ;
- De se passer définitivement de l’avis d’une population confinée, les gouvernants s’alliant comme jamais avec le milieu pharmaceutique privé, mais constituant aussi des comités d’experts provenant du secteur des entreprises et des banques ;
- De rendre possible ce sut pas l’instigation massive dans la population d’une peur collective qui autorisera un « après ». Comme l’a dit la première Ministre belge : « C’est un long processus de reconstruction qui nous attend. Il est évident qu’il y aura un avant et un après Covid-19 ; que ce soit dans la manière d’envisager notre rapport aux autres ou que ce soit dans le fonctionnement de notre société, de manière plus générale. Nous devons faire en sorte de sortir de cette épreuve renforcés ».
Nous dévons changer radicalement notre rapport au monde et aux autre, changer de société, pourfendre le capitalisme. Nous nous en sortirons collectivement, et nous sortirons de leur condition ceux qui meurent du fait de nos modes de vie, si, enfin, nous comprenons cela.
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D’autres articles dans ce dernier numéro :
- La technique et nous ; par S. Dubernet
- Plus de liens … mais lesquels ; par A. Adriaens
- Panne de transmission ; par B. Legros
- La diagonale du Covid-19 ; par JG Divers
- Le Covid-19 valait bien un carnaval ; par M. Lowers
- Visite aux « assises de l’attention » ; par R. Delobel et B. Legros
- Eoliennes, nucléaire, les mêmes atrocités ; par H. Krief
- Révolutions technologiques ; et si l’échec était la norme ; par P. Lannoy
- Le crime du choléra en Haïti ; par R. Delobel
- Les mots mentent ; par A. Adriaens
- Le débat ? OUI ! (mais pas avec des contradicteurs) ; par D. Zink
- Clap de fin ; par JPL Collignon
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Ne laissons pas s’installer le monde sans contact
Fin d’un article paru sur partage-le.com
Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.
- Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.
- Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit 5G, et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.
- Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.
- Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.
- L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.
- Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à comment manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.
- Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.
Confinés à distance les uns des autres, nous avons élaboré cet appel par Internet et nous nous appuyons sur des revues et journaux en ligne, en France et en Espagne (traduction en cours), pour le faire connaître. Nous le faisons toutefois aussi imprimer, pour le faire circuler dès ces jours-ci, de toutes les façons qui nous sembleront adaptées à la situation. Vous pouvez demander le texte aux éditions La Lenteur, 13 rue du Repos, 75020 Paris (adresse de circonstance) : contribution libre, en chèque à l’ordre des éditions ou tout simplement en timbres postaux.
Texte initié par le collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) et le groupe de travail « digitalizacion, TIC y 5G » de l’organisation Ecologistas en accion.
Contacts en France :
Écran total, Boîte postale 8 ; 3 et 5 rue Robert Judet, 23 260 Crocq ;
ou <ecrantotal[-at-]riseup.net>
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Une autre réflexion sur le sujet mardi 5 mai