Docteur BOUET, spécialisé en médecine interne, écrit au conseil de l’ordre
Conseil National de l’Ordre des Médecins
Monsieur le Président,
Dans cette période troublée de la pandémie de coronavirus, nous arrivons à un point critique intolérable où il me paraît urgent et évident que la voix des médecins, représentés par leur Ordre, doit se faire entendre pour rétablir les bons caps. Je vous fais donc ici mes propositions, car nous entendons des choses très préoccupantes, de nature à compliquer beaucoup le déconfinement, et à altérer la confiance que les malades et le grand public mettent en nous.
Il y a eu, et tout le monde le regrette, beaucoup de mensonges sur les masques. Si nous regardons les pays où l’épidémie a été le mieux contenue (Taiwan, Hong Kong, Corée), ce sont ceux où 100 % de la population met un masque, pas chirurgical mais « maison », dès qu’un virus est annoncé. A Hong Kong, aux portes de la Chine, 7 millions d’habitants tassés sur 25km2, seulement 4 morts…sans confinement autre que le masquage et la fermeture des écoles. Personne ne parle de « distanciation » parce que ce n’est ni nécessaire ni faisable. L’étude des femmes enceintes de New York a montré que les cas asymptomatiques de covid19 étaient 7 fois plus fréquents que les symptomatiques, donc restreindre les masques à tel ou tel est sans fondement, il faut que tout le monde soit masqué.
Cette position de masquage généralisé répond non seulement à la crainte de la 2° vague, mais elle valorise et responsabilise tous les Français, dont jusqu’ici je déplore plutôt l’infantilisation. Elle recentre l’action collective sur le seul mode de contamination du virus, la voie respiratoire.
Même si certains veulent faire peur en montrant que le virus reste viable quelques heures sur une surface inerte, il n’a jamais été démontré qu’on pouvait se contaminer au SRAS-cov-2 par contact : il est donc tout à fait aberrant de promulguer des « gestes barrière » de lavage obsessionnel, de désinfection, d’application de gel hydroalcoolique, de précautions de bloc opératoire ; de même que de chercher à reprendre une activité des entreprises, des commerces, des transports, des spectacles, des écoles, lycées, etc…avec les préconisations de distanciation que nous entendons actuellement dans les média. La seule barrière efficace est le simple masquage qui répond aux questions de sécurité, et si les masques maison bien faits sont mis, cela limitera la consommation et la pollution énormes liées aux masques jetables.
Je suis très inquiet d’entendre la mise en place de « brigades » chargées de pister les contacts de patients covid19+, et d’une application sur smartphone dans le même but. Ceci relève du travail et de la responsabilité du médecin et uniquement du médecin. Je suis choqué qu’on puisse faire une pareille entorse au secret médical et qu’on puisse envisager que les libertés auxquelles nous sommes si attachés soient ainsi bafouées. Il en va de même de notre liberté de prescription, qu’il ne devrait pas être possible d’altérer, sous peine de voir la confiance de nos malades sérieusement écornée. Dans le même ordre d’idées, je n’accepte pas l’usurpation du rôle du pharmacien par l’État qui s’est arrogé le droit d’empêcher un pharmacien de dispenser une molécule courante (hydroxychloroquine).
Monsieur le Président, vous êtes sur un siège qui permet une prise de parole qui portera car elle sera empreinte d’une volonté légitime de recadrer les missions essentielles de notre profession, dans l’intérêt général. Demandez des mesures de bon sens et efficaces : des masques pour tous tant que le virus circule, pas de pistage ni de flicage mais un travail d’épidémiologie effectué par des médecins, liberté de prescription et monopole médical sauvegardés, pas de distanciation compliquée, infaisable, inutile. Et profitons-en pour redémarrer la santé sur un mode plus sain, libre et sans influence, tant en ville qu’à l’hôpital.
Merci d’avance, Monsieur le Président, de lire et de réfléchir vite à cette lettre ouverte
Bien confraternellement, Professeur Jean Cabane