… Et une commune ne veut pas renouveler la convention sur les antennes mobiles !
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« terre à terre », une émission sur France Culture
À Saint-Senier-de-Beuvron, un village de 350 habitants, le milliardaire Elon Musk veut implanter une station terrestre reliée aux milliers de satellites qu’il a déjà envoyés en orbite. Les habitants du petit village ne l’entendent pas de cette oreille.
L’histoire se passe à Saint-Senier-de-Beuvron, dans la Manche, à quelques kilomètres du Mont Saint-Michel. Ce village de 350 habitants, qui ressemble à beaucoup d’autres villages normands, a une particularité : le milliardaire Elon Musk, patron de l’entreprise SpaceX, a choisi d’y implanter son projet Starlink, qui doit permettre l’accès à Internet par satellite pour toute la planète.
Pour ce faire, Elon Musk prévoit d’envoyer 42 000 satellites en orbite. En avril dernier, 1300 étaient déjà dans l’espace, selon Le Monde. Pour garantir l’efficacité du système, ces satellites doivent être reliés à la Terre : c’est ainsi que Saint-Senier a été choisi, entre autres territoires, pour être un de ces relais terrestres. Néanmoins, les habitants ne l’entendent pas ainsi…
Dimitri et Anne Laure, anciens havrais installés à la campagne pour fuir la pollution et le tumulte de la ville, n’avaient pas pensé qu’Elon Musk voudrait radicalement changer le paysage qui les entoure. Un beau jour de novembre, ils ont été contactés par le maire de Saint-Senier :
Monsieur le maire vient avec la conseillère un dimanche et nous explique qu’ils ont reçu en mairie une déclaration préalable de travaux pour l’installation de neuf antennes paraboliques et un local technique dans le champ situé juste derrière chez nous, sur une grande parcelle agricole de trois hectares, à peu près. […] Le maire est venu nous prévenir parce que la société veut aller très vite, que la demande préalable de travaux est arrivée vite et que ça devrait être monté le 30 novembre.
On s’est senti complètement désemparé face à un projet comme ça. On s’est dit que ça allait nous gâcher la vie. Déjà, visuellement, on s’est imaginé un tas de choses et on a commencé à chercher sur Internet. On s’est dit : « C’est quoi ces antennes ? Qu’est-ce qu’elles font ? »
Rapidement, Anne-Laure et Dimitri apprennent de quoi il retourne, et ils ne sont pas rassurés. L’absence de réponse des autorités responsables n’a pas arrangé la situation :
L’ANFR, l’Agence nationale des fréquences, à qui nous avons envoyé une lettre recommandée pour avoir des informations détaillées et précises sur cette technologie, ne nous a pas répondu, mais s’est entretenue avec la mairie à qui elle a dit qu’il n’y avait pas de risque.
Patrice Goyau, ingénieur et docteur en physique, relève néanmoins que l’absence de risques est loin d’être totale.
L’ANFR a fait une esquisse de calcul d’exposition en fonction de ces protocoles que nous considérons comme extrêmement discutables. On ne peut pas du tout en déduire une innocuité de ces rayonnements, notamment par rapport à une habitation avec un jardin qui se trouve entre 80 et 130 mètres de la plateforme Starlink.
En outre, les analyses qu’ont fait faire Anne-Laure et Dimitri sont alarmantes :
Il en est ressorti que c’étaient des puissances quand même assez impressionnantes en termes d’émissions. La personne à qui on avait soumis cette analyse nous a dit que c’est équivalent à 2000 fois la puissance du micro-ondes. La question se pose des retombées sanitaires pour les hommes, mais pour le vivant de manière générale.
Le 7 décembre 2020, les élus de la commune se sont officiellement opposés au projet d’Elon Musk. Mais SipparTech, la filière française en charge du projet du milliardaire, ne s’avoue pas vaincue…
Catherine Mingat, membre du conseil municipal, raconte les tentatives de persuasion que SipparTech a mises en place :
La société nous a envoyé un de ses représentants pour nous convaincre du bien fondé de leur démarche et nous faire changer d’avis, ce que j’ai trouvé très surprenant. On nous a envoyé un monsieur très calme, qui possédait très bien les techniques de communication, qui nous a endormis avec un phrasé très long, beaucoup de « euh » et beaucoup de points de suspension, en nous faisant valoir le progrès mondial, la couverture des zones blanches, l’internet haut-débit pour tout le monde. […] Bon, le projet d’Elon Musk, c’est de mettre le globe terrestre dans un bas résille, de couvrir toute la terre. Tout ça pour quoi ? Pour financer son projet pour aller sur Mars.
Le conseil municipal demande des études de géo-biologie, des documents et informations supplémentaires. Entre temps, les riverains, qui se sont bien renseignés, sont résolus à ne pas vouloir risquer leur santé.
Le problème est d’ordre politique : la mairie du village normand n’a aucun pouvoir décisif. D’autres acteurs, au premier rang desquels se trouve le préfet, doivent trancher.
La mairie peut s’opposer complètement au projet, mais en France il y a des gens qui s’appellent les préfets qui peuvent tout à fait faire la pluie et le beau temps et aller contre l’avis d’un maire. Donc je connais pas la position du préfet de la Manche. […] C’était un problème beaucoup plus vaste que ça et que ça va beaucoup plus loin.
François Dufour, paysan et conseiller régional, est de ceux qui s’opposent au projet. Il est frappé par le contraste entre le David normand et le Goliath américain :
C’est une superposition d’entreprises qui travaillent sur un projet comme celui là. […] Toutes ces sociétés qui arrivent tout d’un coup dans un territoire sans débat, atterriront là, chez vous. Et vous n’avez qu’une chose à faire, c’est de vous taire.
Le paysan regrette que les manœuvres de ces sociétés soient faites de « manière autoritaire », sans aucune consultation des principaux concernés :
Je dis qu’il y a violence parce qu’il n’y a pas de débat. Et, à mon avis, il y a une forme d’atteinte à la démocratie. Quand on a mis à nu à la fin 2020 ce projet-là, en questionnant les élus, le député, le sénateur et le sous-préfet, tout le monde s’est rendu compte que personne n’était au courant.
Selon François Dufour, tout le monde patauge dans l’incertitude : même la science est dépassée. Cette indécision explique, entre autres, la réticence des locaux à ne pas accepter de courir un tel risque pour leur santé et leur vie. La conclusion de François est sans appel :
On a le téléphone qui pianote et il marche bien, notre téléphone. On n’a pas besoin du projet d’Elon Musk.
Afin d’avoir plus d’informations, la société SpaceX a été contactée. Personne n’a pu être joint. SipparTech, l’intermédiaire français chargé du déploiement des antennes en France, n’a pas répondu non plus. Néanmoins, depuis le 10 mai dernier, il est possible de s’abonner à l’Internet version Elon Musk, pour 99 euros par mois.
https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/le-village-normand-contre-elon-musk
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Il s’en passe des choses à Haulchin, dans le Valenciennois
Bruno Raczkiewicz, le maire, a demandé l’autorisation aux élus de signer le renouvellement d’une convention autorisant la SAS Hivory à exploiter le château d’eau, place des Cytises, pour la pose d’antennes-relais mobiles. Il a rappelé que cette convention existe depuis 1995. Mais du coup s’est engagé un débat entre l’édile et Marie-Claire Bailleux, la maire sortante, désormais dans l’opposition.
Pour elle, il ne faut pas reconduire cette convention, les antennes étant suspectées, sans preuves médicales formelles, de pouvoir avoir des conséquences sur la santé : « Pour moi c’est non, vous vous rendez compte, on va repartir pour douze ans ». Réponse du maire : « Mais, si on n’en veut plus à cet endroit, nous allons devoir les mettre ailleurs, c’est donc compliqué de refuser. »
Mis au vote ce point a recueilli, 4 voix pour, 6 contre et 9 abstentions, la convention ne sera donc pas renouvelée.