Tchernobyl, 35 ans après

L’explosion de la centrale nucléaire en 1986

Le 26 avril 1986, la centrale de Tchernobyl est évacuée suite à une explosion dans le cœur du réacteur 4. Au crépuscule de la guerre froide, cet accident est considéré comme l’une des pires catastrophes nucléaires, avec toujours des effets perceptibles aujourd’hui.

 Résumé de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl

Mise en service à partir de 1977, la centrale nucléaire V.I. Lénine a été construite en Ukraine, à quelques kilomètres des villes de Tchernobyl et de Prypiat. Plus communément appelée « centrale nucléaire de Tchernobyl », elle est constituée à partir de 1983 d’un total de 4 réacteurs nucléaires RBMK. L’explosion survenue au sein du réacteur 4 le 26 avril 1986 est le résultat d’erreurs humaines, aggravées par plusieurs failles techniques propres au modèle RBMK. Malgré les tentatives pour limiter les dégâts et éteindre l’incendie, les populations de villes environnantes comme Prypiat sont évacuées le lendemain de la catastrophe. Des moyens humains et matériels importants sont dépêchés dans les mois qui suivent l’explosion du réacteur 4 pour résoudre les problèmes liés à la contamination des zones. Cet événement catastrophique a eu de nombreuses conséquences sanitaires et économiques, mais aussi environnementales et politiques. Il est considéré par beaucoup de spécialistes comme l’un des pires désastres liés à l’exploitation du nucléaire.

Quelles sont les causes de l’explosion de la centrale de Tchernobyl ?

Plusieurs raisons expliquent la fusion du réacteur 4 qui a conduit à l’explosion de ce dernier dans la centrale nucléaire de Tchernobyl dans la nuit du 25 au 26 avril 1986. Tout d’abord, certaines procédures de sécurité ont été négligées dans ce qui n’était au départ qu’un simple test de l’alimentation du réacteur, dont l’objectif était justement de réduire la puissance de ce dernier. Ce test a été retardé de quelques heures pour des raisons pratiques, et a par la suite été confié aux soins d’une équipe de nuit peu expérimentée et sensibilisée aux risques. C’est avant tout à cause de mauvaises décisions prises par les employés de la centrale, comme la désactivation de l’alarme du système de refroidissement et la surestimation des capacités du réacteur, qui sont en partie à l’origine du drame.

Un autre problème majeur concerne les caractéristiques techniques du modèle RBMK. La conception de ce réacteur est en effet assez particulière à appréhender pour de multiples raisons. L’accumulation importante de surplus d’énergie, le système d’arrêt d’urgence défaillant (insertion lente des barres de commande), ou encore l’instabilité du cœur en dessous d’un certain niveau de puissance (favorisant un empoisonnement au xénon) peuvent expliquer l’emballement du réacteur et la difficulté pour les équipes de prendre les bonnes décisions. Néanmoins, une partie de ces défauts de conception étaient jusqu’alors inconnus des ingénieurs et employés de la centrale. La faute au manque de transparence des autorités soviétiques quant à la diffusion des connaissances scientifiques, dans un contexte de guerre froide avec les États-Unis où la crainte de voir ses technologies divulguées au camp adverse est encore d’actualité malgré une amélioration des relations.

L’absence d’enceinte de confinement autour du réacteur et de système d’épuration des gaz n’a pas arrangé la situation, dans la mesure où cela aurait pu réduire la diffusion du nuage radioactif suite à l’explosion. Enfin, la présence importante de graphite, un composé extrêmement volatile et inflammable une fois chauffé, explique les difficultés du personnel à éteindre rapidement l’incendie.

Le déroulement de la catastrophe

https://www.linternaute.com/actualite/monde/1284561-tchernobyl-c-etait-il-y-a-30-ans/

 Quelles mesures ont été prises suite à l’explosion de Tchernobyl ?

Suite à l’explosion provoquée par la vapeur s’échappant du réacteur 4 vers 1h23 du matin le 26 avril 1983, un certain nombre de mesures ont dû être prises dans l’urgence pour tenter d’enrayer la menace et éviter les complications. Les premiers pompiers sont mobilisés dans les heures qui suivent, et finissent tant bien que mal à contenir l’incendie. La quasi-totalité d’entre eux vont succomber après l’intervention, tous ayant été soumis à des émissions radioactives très importantes sans équipement adapté.

Le 27 mai, soit plus de 24 heures après l’accident, les zones d’habitations situées à moins de 30 km de la centrale de Tchernobyl commencent à être évacuées. Les 50 000 habitants de Prypiat, la ville la plus proche, quittent les lieux, pensant qu’ils pourraient revenir au bout de 2 à 3 jours. Il n’en est rien, puisque trois décennies plus tard Prypiat est toujours inhabitée.

Durant les mois qui suivent la catastrophe et l’extinction de l’incendie, une vaste opération de décontamination et de nettoyage du site est mise en place. Près d’un demi-million de personnes, les liquidateurs, vont intervenir entre 1986 et 1990 pour endiguer la menace au péril de leur vie, en décontaminant la zone et en participant à la construction d’un premier sarcophage de confinement autour du réacteur 4. La radioactivité de certaines zones, comme celle du « pied d’éléphant » (un magma radioactif résiduel découvert dans une salle sous le réacteur), est tellement élevée qu’un humain sans protection adéquate tiendrait à peine quelques minutes avant de rendre son dernier souffle.

Combien de morts a causé la catastrophe de Tchernobyl ?

Au total, entre 30 et 40 personnes ont péri au moment de l’explosion de la centrale de Tchernobyl et des efforts mis en place pour contenir l’incendie du réacteur selon l’UNSCEAR (United Nations Scientific Comitee on the Effects of Atomic Radiations). Ces victimes faisaient toutes partie du personnel de la centrale ou des premiers pompiers mobilisés pour éteindre les flammes. La majorité d’entre eux sont morts des suites de l’exposition aux fortes irradiations dans les mois qui ont suivi la catastrophe.

Il est cependant beaucoup plus difficile d’établir avec certitude un nombre précis des pertes indirectes du côté des civils évacués ou des liquidateurs soumis aux émissions radioactives. Le problème principal relève de la difficulté de faire une corrélation entre l’état de santé et les maladies survenus plus tardivement avec les effets résiduels radioactifs. Les estimations sont contradictoires, aussi bien concernant le nombre de personnes atteintes de cancer de la thyroïde (la principale cause reconnue des effets de Tchernobyl) que le nombre de morts des complications liées à ces cancers ou de malformations. Selon les institutions et les études, ces chiffres peuvent varier du tout au tout, allant d’une centaine de cas de cancers mortels pour 4000 atteints selon l’ONU, tandis que d’autres avancent des chiffres de plusieurs dizaines voire centaines de milliers de victimes. Cela peut s’expliquer en partie par la présence de conflits d’intérêt de certaines études qui ont tendance à minimiser l’impact de l’incident pour des raisons politiques (connivence avec des grands groupes du nucléaire), tandis que d’autres, financées par des organisations en faveur de la sortie du nucléaire, avancent des chiffres beaucoup plus préoccupants.

 Les enfants de Tchernobyl, dernières victimes de la catastrophe

 https://www.linternaute.com/actualite/monde/1299218-les-enfants-de-tchernobyl/

Quelles sont les conséquences de l’explosion de la centrale de Tchernobyl ?

Bien qu’il soit difficile d’estimer avec certitude l’impact de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl sur la vie humaine et les pertes avérées, d’autres conséquences sont néanmoins beaucoup plus faciles à appréhender. En plus d’avoir marqué à vie les esprits des populations ayant vécues à proximité, l’explosion de Tchernobyl a causé d’importants dommages sur le plan environnemental. Une grande partie de la faune et de la flore environnante a subi de plein fouet les effets des radiations, rendant ainsi de nombreuses espèces et plantes impropres à la consommation. Cela a également eu une influence sur les sols, qui même après une trentaine d’années ne sont toujours pas cultivables. La nature a néanmoins repris ses droits de manière progressive, puisque quelques espèces animales et végétales ont réussi à s’adapter dans cet écosystème radioactif.

Sur le plan économique, l’évacuation des civils et les nombreux moyens mis en œuvre pour endiguer l’accident nucléaire (les liquidateurs, la construction du premier sarcophage…) ont porté un sérieux coup aux dépenses de l’URSS de Gorbatchev, alors en pleine perestroïka. L’événement a par la même occasion amené de nombreux États à repenser la sécurité des infrastructures et des technologies relatives à l’exploitation du nucléaire afin d’éviter un nouveau désastre. En termes d’image, cet accident marque un véritable échec politique pour le bloc de l’Est dans la guerre froide contre les Etats-Unis, tout en se montrant révélateur des nombreuses failles du système soviétique.

A quoi ressemble Tchernobyl, 30 ans après ?

https://www.linternaute.com/actualite/monde/1283390-tchernobyl-30-ans-apres-26-avril-2016/

Quels ont été les effets du nuage de Tchernobyl en France ?

Les effets du nuage radioactif de Tchernobyl ont pu être ressenties dans la quasi-totalité des pays d’Europe, à des échelles plus ou moins variables. La France ne fait pas exception à la règle, puisqu’une augmentation de la concentration en éléments radioactifs comme le césium 137 et l’iode 131 a été mesurée depuis 1986, en particulier dans les régions de la partie Est de la France et la Corse. Les grosses précipitations et les aléas météorologiques ont ainsi eu une influence sur les dépôts de particules dans les sols. Malgré le fait qu’une partie de la production agricole destiné à l’alimentation ait été affectée pendant quelques semaines, les effets néfastes demeurent dans l’ensemble négligeables compte tenu des chiffres avancés par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) par rapport aux régions situées beaucoup plus proches de la catastrophe. Il est ainsi d’autant plus difficile de déceler une réelle corrélation avec des pathologies comme les leucémies ou les cancers pour le cas de la France. Ainsi, d’après l’Institut de veille sanitaire, les retombées de Tchernobyl n’auraient eu que peu d’influence sur l’apparition de cancers de la thyroïde dans l’Hexagone : entre 7 et 55 cas potentiels en l’espace de 25 ans, sachant qu’en temps normal ce chiffre est d’environ 900 cas sur la même période.

Qu’est devenu Tchernobyl aujourd’hui ?

Aujourd’hui, peu de choses ont fondamentalement changé. La radioactivité, bien que moins importante qu’au moment de l’accident, est toujours présente. Même si la vie humaine à l’intérieur de la zone d’exclusion est toujours impossible sans un minimum de protection contre les irradiations, de nombreuses espèces animales (chiens, loups et autres grands mammifères) ou végétales parviennent à cohabiter. De plus, le développement croissant d’un tourisme nucléaire depuis plusieurs années semble attirer un certain nombre de personnes, curieuses de découvrir les sites qui ont été frappés par la catastrophe de Tchernobyl.

Pour autant, la situation demeure préoccupante à de nombreux égards, tant sur les potentiels effets sur les populations limitrophes de la zone d’exclusion ou sur les risques relatifs à l’avenir du site de l’accident de 1986. La centrale a en effet été victime de quelques accidents, comme un incendie dans le réacteur 2 en 1991, et a continué de fonctionner jusqu’à fin décembre 2000. C’est pourquoi la construction d’un deuxième sarcophage, présenté sous la forme d’une grande arche métallique, est envisagé dès la fin des années 2000. Cette arche est finalement achevée en 2016 et totalement équipée en 2019, avec pour double objectif d’empêcher un nouveau drame et plus tard de procéder à un démantèlement complet de la centrale.

 Quels sont les films et séries inspirés par la catastrophe de Tchernobyl ?

L’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl est un événement marquant dans l’histoire du XXe siècle. Son retentissement médiatique à l’échelle mondiale a donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques ou en séries. La plupart d’entre elles se concentrent sur des événements fictifs impliquant des personnages présents au moment de l’incident, ou encore sur la vie menée par des rescapés de la catastrophe. L’une des dernières séries en date, Chernobyl (2019), tente malgré certaines libertés prises de coller le plus près possible à la réalité historique. Par exemple en faisant intervenir des personnages qui ont réellement existé comme Aleksandr Akimov, contremaître de la centrale au moment des faits. Voici une liste non exhaustive des différentes adaptations liées au drame de Tchernobyl :

 Tchernobyl : dates clés

27 juin 1954 – La première centrale nucléaire mise en service

L’URSS est le premier pays à produire de l’électricité nucléaire en ouvrant la première centrale à Obninsk. Deux ans plus tard, une centrale nucléaire au fonctionnement différent sera construite en Grande-Bretagne. En France, la première centrale opérationnelle exploitée commencera sa production à Chinon en 1963. Les méthodes utilisées à travers le monde sont alors multiples et le nucléaire semble promis à un bel avenir. Mais son coût augmentera aussi vite que son image se détériorera dès les années 70-80, jusqu’au drame de Tchernobyl en 1986.

29 juin 1957 – Grave incident nucléaire à Kyshtym

Le dépôt militaire de Kyshtym en Russie est le théâtre d’un incident de grande ampleur suite à l’explosion d’une cuve contenant des déchets radioactifs. Des millions de particules sont disséminées à l’extérieur du site, ce qui constitue un événement de gravité majeur, de niveau 6 sur l’échelle INES qui en compte 7. Dans l’histoire, seul l’accident de Tchernobyl atteindra l’échelon le plus élevé. Les recommandations pour un tel événement sont l’évacuation de la population mais le gouvernement soviétique préférera tenir cette histoire secrète pendant 30 ans.

26 avril 1986 – L’accident de Tchernobyl

Une explosion détruit l’un des 4 réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) en service depuis 1977. 135 000 personnes habitant dans la zone des 30 kilomètres autour de Tchernobyl sont évacuées. 15 000 personnes mourront dans les mois qui suivront et les retombées radioactives affecteront la majeure partie de l’Europe. Ce n’est qu’en 2000 que le président ukrainien Leonid Koutchma mettra fin aux activités de la centrale.

 

linternaute.com